Endurance ou Formule 1 ? Les constructeurs se posent la question. A commencer par Ferrari
De notre envoyé spécial
Les 24 Heures du Mans, plus belle course du monde ? Mis à part quelques esprits chagrins, personne ne conteste l’affirmation. Luca di Montezemelo, le président de Ferrari, en avait même des trémolos dans la voix hier peu avant d’agiter le drapeau de départ de l’épreuve mancelle. En guerre avec la FIA, l’élégant patron de la Scuderia a menacé de quitter la F1 si Max Mosley ne revoyait pas sa copie. En cause, le réglement 2010 qui annonce une Formule 1 au rabais. Le cheval cabré n’en veut pas. A tel point que di Montezemelo ne verrait pas d’un mauvais œil un transfert de moyens vers l’Endurance. « Pourquoi pas ? Nous avons la F1 dans le sang mais j’aimerai bien que Ferrari gagne de nouveau ici, 40 après son dernier succès. Le Mans pourrait devenir une priorité si on ne nous écoute pas »
Coup de bluff où vraie volonté de s’orienter vers un nouveau défi ? A voir... Reste que l’annonce de l’écurie italienne tombe pile au moment où la F1, jusqu’ici la discipline reine du sport auto, traverse une crise sans précédent. Alors forcément, les constructeurs engagés en Endurance se disent qu’il y a un coup à jouer et peut-être une place à prendre.
Olivier Quesnel, le directeur de Peugeot Sports, rêve tout haut d’un championnat du monde qui associerait Le Mans à Indianapolis, Sebring et à une manche en Chine. « Compte tenu de la conjoncture, et de ce que coûte une équipe, tout jouer sur un one shot (Le Mans), c’est pas facile. Ce format nous conviendrait parfaitement, d’autant plus que nous pouvons le faire avec un budget identique à celui des 24 Heures. Et puis sincèrement, je préfère aller courir devant le public plutôt que faire des séances d’essais au Paul-Ricard devant trois lapins et deux espions d’Audi ».
Mais pour voir plus grand, il faudrait déjà que la discipline... se discipline.
« Il nous faut des règles claires pour tous. On ne peut pas gérer Le Mans comme un club de bridge. Si ACO prend le bon virage, l’avenir de l’Endurance s’annonce radieux. » insiste Quesnel, en guerre avec Audi sur la conformité des R15. Attention, en effet, à ne pas tuer la poule aux œufs d’or alors qu’Hugues de Chaunac, le patron d’Oreca, excédé par le gouffre qui le sépare des usines, hausse le ton. « Je veux bien perdre le match par 2-1 ou 3-2, mais pas 8-0 comme on va prendre. On va disparaitre alors qu’on a tout ce qu’il faut pour continuer. Je supplie ACO de faire en sorte qu’il y ait une véritable équité sportive en 2010 ».
L’inverse serait d’autant plus regrettable que l’Endurance a le mérite d’être un vecteur d’image incomparable et une vitrine technologique. Pour les grands comme les petits. Signature, qui vient de se lancer dans le grand bain avec une auto, y croit. « On ne voulait pas y aller en GT mais en proto et, tant qu’à faire, en LMP1, affirme Philippe Sinault. Malgré le contexte économique difficile, le fait de se recentrer sur un événement qui a la côte, c’est porteur ».
Ca l’est encore plus au vue des affluences records attendues ce week-end au Mans : pas loin de 230 000 spectateurs, qui peuvent approcher les pilotes, quand la F1 à Magny-Cours attirait péniblement 70 000 fans coupés de leurs idoles.
L’article original sur le site du progès