Gigantisme de l’action contre la Covid19 et paralysie face au réchauffement climatique

Réflexion glanée sur Facebook-Alexandre Lacroix (auteur)

Article mis en ligne le 4 novembre 2020
dernière modification le 24 janvier 2021

Quand la responsabilité juridique mène la danse.

Sur la vraie raison pour laquelle les mesures prises contre le Covid-19 sont tellement maximalistes
Face à la réalité du péril, les mesures prises pour lutter contre la propagation de la pandémie frappent par leur gigantisme. Confinement des populations, réduction de la mobilité des personnes, coup de frein drastique donné à toutes les activités économiques, arrêt de la formation des jeunes, plans de relance en centaines de milliards…
A l’heure actuelle, la pandémie de Covid-19 a fait d’après la population 1,21 millions de morts dans le monde. C’est évidemment une tragédie, mais d’autres menaces existent. Le tabagisme cause 8 millions de morts annuels ; la pollution 9 millions de morts prématurées chaque année d’après la revue The Lancet, et aucunes mesures équivalentes ne sont prises. A quoi ça tient ? Pourquoi cette apparente disproportion, qui échauffe les esprits ?
La réponse ne tient nullement à une quelconque théorie du complot, mais à un mécanisme tout simple : celui de la responsabilité.

En son principe, la responsabilité juridique est une très bonne chose. Mais elle peut avoir des effets pervers inattendus. Pour avoir pas mal circulé en France ces derniers mois, j’ai pu voir souvent ce mécanisme à l’œuvre. Dès qu’un dirigeant, à quelque échelle que ce soit (un maire, un directeur d’école, de club sportif, un patron de PME, un DRH d’entreprise, etc.), a connaissance du risque sanitaire lié au Covid-19, il se voit obligé de prendre des mesures significatives. S’il ne le fait pas, et qu’un cluster se déclenche, sa responsabilité est engagée au pénal. Il préfère alors que son activité périclite plutôt que de prendre ce risque qui touche à ses biens et à sa personne. Cela vaut pour le président d’une association de foot d’un village du Périgord comme pour le gouvernement, et ce mécanisme explique que, presque toujours et partout, ce sont les mesures les plus contraignantes, les plus systématiques qui sont choisies. Il est bien possible que la somme finale de toutes ces mesures, pour nos sociétés, soit négative – car la crise économique qui en résultera créera des drames et des morts elle aussi. Mais c’est ce qu’on appelle un process rationnel sans sujet. Aucun complot, aucune volonté de nuire à qui que ce soit, pas d’intention là-dedans : car c’est l’application d’une logique imparable, celle de la responsabilité juridique, qui mène la danse.
Mais cela a une autre conséquence. A l’échelle du XXIe siècle, il semble en l’état actuel de nos connaissances que le réchauffement climatique représente un danger plus grand pour l’humanité que le Covid-19. Extension de la zone des maladies tropicales, réduction de l’accès à l’eau douce, désertification, incendies… Et pourtant, aucune mesure vraiment coercitive n’est prise pour lutter contre lui. Pourquoi ? Parce que, dans le cas du réchauffement, il n’y a quasiment aucune imputation de responsabilité à des personnes réelles possible. Ceci répond donc à la question lancinante : pourquoi avons-vous réduit drastiquement le trafic aérien pour lutter contre le Covid-19, alors que nous n’étions pas prêts à le faire pour le climat ?