Le prix sociétal de la vaccination de masse
Article mis en ligne le 23 octobre 2021
dernière modification le 1er novembre 2021

L’idée que sous-tend la stratégie de la vaccination de masse est de réduire la circulation du virus et de limiter la création de variants. Puisque cette stratégie a été adoptée à l’échelle mondiale, même si elle ne peut être mise en œuvre dans de très nombreux pays par manque d’accès aux vaccins ou par refus du vaccin par la population, on imagine qu’elle a été soutenue par une majorité de scientifiques.
La communauté scientifique a-t-elle pris la mesure des répercussions sociétales et politiques de cette stratégie ? On peut craindre que non et regretter le manque de réflexion politique accompagnant ce choix, alors que des alternatives efficaces et responsables pourraient être mises en place encore aujourd’hui.

 Le prix à payer

Hannah Arendt : Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que personne ne croit plus en rien.

La politique de vaccination de masse nécessite par nature, pour la gestion de la masse, une propagande qui empêche tout débat critique. Pourtant, il existe des courants scientifiques qui s’opposent à cette vaccination de masse comme par exemple le Criigen [1] ou des chercheurs en santé publique [2]. La propagande liée à cette stratégie véhicule son lot de désinformations entraînant un manque de confiance (on ne parle plus par exemple des comorbidités associées aux formes graves), un scepticisme communautarisé, la construction de courants qui ne croient plus en la parole publique, la parole des scientifiques... Cette montée des courants d’opposition à la vaccination, stigmatisée par les médias qui ne relaient que sa composante d’extrême droite, est une opportunité pour le gouvernement de capter l’attention, et de la détourner des choix politiques qui auraient pu encadrer cette crise sanitaire [3].

La vaccination de masse nécessite un autoritarisme et une surveillance sans précédent, qui laisse présager l’extension de ces pratiques autoritaires et leur acceptation par le plus grand nombre dans les années à venir [4]. Cette politique entraîne une mise à l’écart social des personnes qui refusent le vaccin, prenant ainsi le risque de diviser la société profondément [5] .
La vaccination de masse est pourtant soutenue majoritairement dans le débat public, toute tendance politique confondue. Elle est à droite une formidable opportunité de ne rien changer au niveau du modèle économique (pas de monde d’après), et à gauche, tout en dénonçant le pass sanitaire, elle est portée par l’idée d’une offre de soin égalitaire [6].

La politique vaccinale de masse est un choix qui oriente les politiques publiques de santé vers une médecine qui se détourne de l’origine des maladies et du traitement des causes. La pandémie du Covid est en fait une syndémie qui révèle les maladies chroniques [7]. Aujourd’hui, qui parle des comorbidités ? Le discours accompagnant la vaccination fait table rase de ces sujets. Pour rappel, le point épidémiologique réalisé par Santé Publique France, en mai 2021, annonçait que 94% des personnes décédées et 89% des personnes admises en réanimation présentaient une comorbidité [8]. Les comorbidités les plus fréquemment rapportées étaient l’hypertension artérielle (55%), l’obésité (58% des cas décédés dont l’IMC était renseigné), les pathologies cardiaques (35%) et le diabète (34%). Lorsque le capitalisme s’intéresse aux origines des problèmes sanitaires, c’est aujourd’hui au travers du nudge  [9], avec la diffusion d’une communication pseudo-bienveillante et moraliste sensée orientée la population vers des modes de vie sains, sans aucune politique publique sanitaire de prévention.

 L’alternative

L’alternative à la vaccination de masse aurait été une politique de vaccination ciblée des personnes vulnérables, avec leur consentement, en allant vers elle pour les informer [10].
Une vaccination ciblée aurait laissé le débat scientifique ouvert permettant un pluralisme des échanges. Par ailleurs une telle politique aurait laissé la place à une politique sanitaire diversifiée :

  • équilibrer le financement de la recherche entre la vaccination et les traitements [11].
  • ouvertures des lits d’hôpitaux et développement des soins précoces pour tous.
  • maintien des gestes barrières, tests covid pour certains évènements pour réguler la circulation du virus.

Ce type d’approche s’inscrit dans une politique plus large, qui veillerait à un meilleur état de santé général du plus grand nombre (prévenir ainsi le surpoids, le diabète, les maladies cardio-vasculaires). Cette politique va de paire avec une meilleure répartition des richesses pour une meilleure alimentation et de meilleures conditions de vie. Elle défend un système public de santé égalitaire et humain, préservant l’information et les débats public quant aux offres de santé, la reconnaissance de la médecine préventive. Elle promeut la sortie du productivisme pour réduire les pollutions nocives pour la santé et la production de biens de consommations inutiles et nocifs. Elle cherche à stimuler d’autres voies pour assouvir nos désirs : la création, le lien social, la co-construction…

La crise du Covid est un révélateur des crises écologiques et démocratiques de notre société, elle révèle notre défaillance vis à vis des écosystèmes, par leur destruction et par notre propre destruction (syndémie). La fuite en avant vers la vaccination de masse détourne notre regard de ces problèmes et entretient le modèle politico-économique actuel.