Il y a quelque chose de pourri au royaume de la F1
Article mis en ligne le 2 septembre 2009

Paru dans l’express...

Machinations, complots, espionnage, scandale,... les affaires s’enchaînent sur et en dehors des circuits. La dernière en date concerne Renault, soupçonné d’avoir poussé un de ses pilotes à l’accident pour favoriser son leader, Fernando Alonso.

Indépendant de toute écurie et maître tout-puissant de la Formule1, Bernie Ecclestone aurait pu soutenir l’action engagée par la fédération internationale des sports automobiles (FIA) à l’encontre de Renault. Au lieu de cela, il a déclaré au Times : « Il y a un danger que Renault quitte la compétition, de toute évidence. J’espère que cela ne sera pas le cas, mais c’est le genre de chose qui peut arriver (...) Tout ce que je sais c’est que Flavio Briatore (directeur de Renault F1 depuis 2000) insiste sur le fait qu’il n’est au courant de rien ».

Un des patrons de la F1, qui s’inquiète d’une enquête diligentée par la principale instance de ce sport ? Etrange ? Non, logique. Ecclestone a les miquettes. La F1 n’est pas au top de sa forme, plombée par les polémiques. Et par une crise économique qui pousse les écuries à remettre en cause leur participation au championnat du monde. Honda a décampé, BMW fera de même la saison prochaine, et Toyota pourrait suivre.

Les paddocks risquent de sonner creux, et le spectacle pourrait manquer. Et qui dit moins de spectacle, dit moins de droits TV. De quoi agacer Bernie Ecclestone. Du coup, il faut protéger les écuries, face aux affaires de plus en plus nombreuses.

La dernière comble les fans de conspiration et de plans machiavéliques. Pour bien la comprendre, il faut remonter au 28 septembre 2008. Nous sommes à Singapour, pour le premier Grand Prix de l’histoire disputé en nocturne. Fernando Alonso n’est que 15e sur la grille de départ. Contrairement à ses adversaires, il ravitaille très tôt. A son retour en piste, son coéquipier chez Renault, Nelson Piquet Jr. heurte un mur (vidéo ci-contre). La course est neutralisée, et la voiture de sécurité fait son entrée. Tous les pilotes roulent au ralenti derrière la safety car et profitent de cette pause pour faire le plein. Alonso remonte, lui, petit à petit jusqu’à la première place pour finalement décrocher la victoire.

Des scandales et polémiques à répétition

Depuis, Nelson Piquet Jr. a été licencié de chez Renault pour manque de résultats, et la fédération a reçu des éléments qui ont justifié l’ouverture d’une enquête. Qui est le corbeau ? On ne voit vraiment pas.

Ces accusations qui semblent, au premier abord, totalement fantasques, trouvent pourtant un écho. C’est que depuis plusieurs mois, la F1 collectionne les casseroles. A l’été 2007, McLaren était soupçonné d’espionnage envers Ferrari, via un de ses responsables techniques, qui avait fait ami-ami avec un responsable de la Scuderia, licencié entre temps.

A la fin de la saison 2008-2009, c’est Lewis Hamilton qui s’était trouvé dans l’oeil du cyclone. Pendant le Grand Prix d’Australie, Jarno Trulli l’avait dépassé alors que la voiture de sécurité était en piste. A l’issue de la course, Hamilton avait confirmé aux commissaires que l’Italien l’avait bel et bien doublé en toute illégalité. Mais l’écoute des messages radios échangés avec son écurie révélait la supercherie : le Britannique avait reçu, de son écurie, l’ordre de se laisser dépasser par Trulli. L’Italien avait été sanctionné à tort, à cause du mensonge d’Hamilton.

En coulisse, les scandales ne manquent pas non plus de sel. En mars 2008, Max Mosley, président de la FIA, est filmé à son insu en pleine orgie sexuelle. Les images diffusées par News of the world montre le bonhomme en train d’interroger cinq femmes courtes vêtues dans un simulacre d’interrogatoire nazi.

En juillet 2009, au tour de Bernie Ecclestone de faire preuve de bon goût. Dans une interview au Times, il déclare : « C’est terrible à dire je suppose, mais à part le fait qu’Hitler s’est laissé emporter et persuader de faire des choses dont j’ignore s’il voulait les faire ou pas, il était en position de commander beaucoup de gens et d’être efficace » ...avant d’ajouter : « A la fin il s’est perdu, donc il n’était pas un très bon dictateur ». Si même le chef s’y met, la F1 est bien mal embarquée.

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