L’écurie Toyota hésite à rempiler pour 2010
Article mis en ligne le 30 août 2009
dernière modification le 31 août 2009

Y aura-t-il des Toyota sur les circuits l’an prochain ? Ayant déjà à déplorer les retraits de Honda et de BMW, la Formule 1 craint d’enregistrer la défection d’un autre grand constructeur. Malgré sa position de numéro 1 mondial de l’automobile, le géant japonais pourrait en effet être le prochain sur la liste des partants. Comme pour BMW et Honda, plusieurs paramètres sont à mettre en perspective, à commencer par une conjoncture économique difficile mais aussi de mauvais résultats sportifs, et donc des retombées marketing inexploitables.

Après s’être illustré dans les championnats du monde des rallyes et en endurance, Toyota et son département compétition s’étaient fixé des objectifs très élevés en décidant de venir se mesurer au gratin de la F1. Dès 2000, le constructeur nippon planifiait un programme de préparation jamais vu avec la location exclusive du circuit Paul Ricard, dans le sud de la France, et près de vingt quatre mois d’essais et de mise au point. Ce n’est qu’en 2002 que Toyota s’engageait pour de bons en Grand Prix. Depuis, les monoplaces japonaises ont disputé 133 courses sans en remporter une seul en huit saisons, et ne sont apparues que pendant 66 kilomètres en tête d’un Grand Prix. Même si la marque japonaise a failli monter sur le podium du classement des constructeurs en 2005, le bilan sportif n’est pas très flatteur, surtout en regard des sommes colossales investies. Dans ce domaine, Toyota apparaît dans le peloton de tête des équipes les plus dispendieuses.

Spéculations. Mais comme pour Honda, abandonner la F1 sans avoir gagné, serait un double échec. C’est sans doute ce refus de partir de cette manière qui explique l’optimisme de John Howett, le président de l’équipe Toyota F1 qui, vendredi, à Spa, a qualifié de pures spéculations les bruits de retrait. « Nous sommes en F1 et nous y sommes pour plusieurs années », a assuré le représentant de Toyota en Europe (l’équipe est basée à Cologne en Allemagne). Ce n’est toutefois pas lui qui signe les chèques comme il le laissait entendre il y a quelques jours sur le site britannique Autosport. Le budget prévisionnel de la saison 2010 a été envoyé au Japon, mais il n’a pas encore été validé par la maison mère. Les décideurs attendent d’en savoir plus sur la situation économique de l’année 2010. Ce qui ne devrait pas être le cas avant la mi-novembre. Si Toyota reste en F1, le budget dédié à cette activité sera revu à la baisse et l’équipe japonaise devra faire beaucoup mieux avec moins d’argent.

En cela, elle serait alors en phase avec les vœux de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui estime que la survie de la F1 passe par des budgets plus raisonnables. Première bonne nouvelle de l’été, les patrons d’écurie et l’autorité sportive ont enterré la hache de guerre. Les accords Concorde qui établissent les bases commerciales de la F1 et les revenus accordés aux écuries ont été signés par la FOTA, l’association des constructeurs de F1. Ils seront valables jusqu’à la fin de la saison 2012. Si l’idée d’un budget « capé » a été abandonnée, les grandes équipes se sont engagées à réduire progressivement les dépenses pour revenir aux budgets des années 1990 (aucun montant n’a été communiqué). A l’occasion de la signature des accords Concorde, les grandes lignes du règlement technique et sportif ont également été adoptées. Ainsi, les ravitaillements en essence seront bien interdits (moins de personnels et de matériel spécifique à transporter) mais les changements de pneumatiques toujours autorisés. Avec l’arrivée de nouvelles équipes, le format des qualifications sera légèrement retouché.

Plateau. Reste que le plateau annoncé de 26 voitures (20 actuellement) est loin d’être assuré. Peter Sauber, qui détenait toujours 20 % des parts de son écurie qu’il avait cédés à BMW, n’a réuni que deux tiers des 95 millions d’euros réclamés par les Allemands pour qu’ils lui « redonnent » la main. Et les trois équipes candidates au grand saut en F1 sont pour l’instant à l’état de projet.

La formation américaine Team USF1 semble la plus crédible. Peter Windsor, un ex-journaliste, qui en sera le patron sur le terrain, affirme que l’essentiel du budget de fonctionnement est réuni et que la construction de la voiture sera lancée d’ici deux mois. Chad Hurley, l’un des fondateurs de YouTube, sera l’un des investisseurs. L’équipe anglaise Manor affirme elle aussi disposer du budget pour courir dès 2010, sous les couleurs de Virgin, qui quittera donc l’écurie Brawn GP, dont l’avenir sportif et financier serait assuré. Reste le cas de l’équipe espagnole Campos qui n’a pour l’instant pas encore le premier euro pour se lancer dans l’aventure de la F1. Mais un pilote russe courant en GP2, Vitaly Petrov, disposerait de sponsors (non révélés) prêts à financer une partie de l’écurie. Ces trois équipes devraient utiliser le moteur britannique Cosworth, sauf à trouver un constructeur assez généreux pour assurer gracieusement la motorisation. Mais autant espérer toucher la cagnotte de l’Euromillion.

L’article de Libération