Les bateaux polluent l'air mais ne passent pas encore à la caisse
Article mis en ligne le 13 décembre 2009
dernière modification le 4 octobre 2014
Personne ou presque à la réunion publique de Qualitair : « il faut sans doute que l'on revoie notre mode de communication, les horaires de ces réunions... en attendant la population peut aller sur notre site internet ! »
La réunion publique de l'association Qualitair, hier après-midi à l'Ostella, s'est déroulée dans l'indifférence générale.
Pourtant, l'organisme, récemment attaqué par les associations environnementales insulaires, avait des choses à dire. Et notamment sur son financement.
« Nous sommes en conformité avec la loi sur l'air qui date de 1996, annonce Jean-Luc savelli, ingénieur en environnement et directeur de Qualitair. C'est-à-dire que le financement est assuré pour un tiers par l'Etat, les collectivités mais aussi les industriels qui polluent. En Corse, il s'agit essentiellement d'EDF. Pour ne pas dire uniquement. »
Le principe de pollueur-payeur s'applique logiquement dans ce type de budget mais Qualitair ne prélève rien au titre des pollutions de véhicules. Comme il ne reçoit rien des compagnies maritimes qui, à la fin du mois d'août 2009, ont réussi à faire grimper, pour la première fois, l'indice de la qualité de l'air jusqu'à 7 dans Bastia-ville.
« C'est vrai qu'ils ne sont pas obligés de payer... »
« Ni la SNCM, ni la Corsica Ferries ou la Moby Line ne participent à notre financement, poursuit Jean-Luc Savelli. Ils n'y sont pas obligés c'est vrai. Quoique cela serait un bon coup de communication pour eux ! Mais nous sommes inquiets également de savoir si ces navires vont un jour fonctionner au fioul dépollué dans les ports. Car c'est une mesure actée : les bateaux devront avoir deux réservoirs pour utiliser un carburant moins nocif à proximité des habitations. On a demandé au préfet maritime qui allait vérifier la présence de ces réservoirs dans les bateaux, qui allait s'assurer de la consommation dans les ports... Mais le préfet ne nous a jamais répondu. Ce n'est pas très encourageant. »
Le tourisme comme vecteur de pollution dans l'île... on y est presque.
Mais il ne s'agit pas, bien sûr, du seul problème en région bastiaise. Le principal demeurant la centrale thermique de Lucciana. Qualitair a étudié les vents de cette zone, dressé une carte des propagations, pour finalement constater que sa station de contrôle était placée dans le bon triangle mais peut-être à l'endroit optimal.
« Nous allons placer notre station mobile là où il faut, poursuit l'ingénieur. Mais attention les valeurs enregistrées sont au-dessous des seuils maximums. Simplement, il nous faut donner la meilleure information. »
Membre d'U Levante, venue de Ponte-Leccia, Marie-Dominique Loye approuve : « nous avons démissionné de Qualitair pour ne pas servir de caution mais nous pensons tout de même que les contrôles sont perfectibles. »
Un programme pour vérifier l'air des écoles
C'est pourquoi Jean-Luc Savelli a profité de ce moment pour présenter le programme 2010-2015 dans lequel figure notamment la mesure de la qualité de l'air intérieur dans les écoles. On trouve en effet des solvants, des colles et ce genre de mesures devraient se faire avec la Ddass. Qualitair ambitionne aussi des cartographies fines de la pollution à Bastia et Ajaccio ainsi que le relevé des niveaux de métaux lourds dans l'air.
Autant de projets qui auront besoin d'un coup de pouce. Quand on sait que l'Etat n'est pas trop dans la dépense actuellement, il va falloir que les industriels et les transporteurs se montrent plus concernés par l'air qu'ils contribuent à polluer.
Christophe Laurent