Alexandra Gonzalez
Alors que les négociations à Copenhague ont démarré lundi, France-Soir s’intéresse aux manières de construire son habitat en réduisant l’impact sur l’environnement. Reportage dans une maison en banlieue parisienne.
Lorsque l’on parcourt la courte allée ombragée et que l’on arrive à la belle maison presque terminée de Patrick, 38 ans, et de sa femme Sahra, 33 ans, difficile d’imaginer qu’il y a à peine deux ans, il n’y avait qu’une « vieille cabane et un champ de patates », aux dires de Patrick. « Quand j’ai vu ce terrain à vendre, j’ai immédiatement senti le potentiel. Peu de bruit, une ville, Fontenay-sous-Bois, très proche de Paris, et la possibilité de faire une maison à mon goût », nous explique-t-il.
Aurait-il alors imaginé que cela lui coûterait moins qu’un pavillon déjà construit ? « Nous n’avons presque pas eu le choix, l’immobilier était horriblement cher il y a deux ans, il fallait compter 400.000 euros pour une maison en banlieue parisienne », se souvient-il. Une fois le terrain acheté pour 150.000 euros, le jeune couple a fait appel au cabinet Allègre-Bonandrini, composé de deux jeunes architectes plein d’idées.
Pier-Paolo Bonandrini, 27 ans, s’en rappelle. « Lorsque nous avons discuté de leur projet, ils m’ont expliqué vouloir une maison en bois contemporaine. Mon collègue et moi leur avons alors proposé de faire une maison à conception écologique, tout en respectant leur budget serré. Nous avons trouvé un compromis, en repensant à la logique de construction des maisons d’antan », nous explique l’architecte.
Astuces écolos
Ainsi, au lieu de répartir des petites fenêtres sur tous les murs, ils ont concentré les ouvertures sur la façade principale, orientée au sud-est, avec une très grande baie vitrée et de larges fenêtres. Même les deux salles de bains ont un Velux, qui fait office de puits de lumière.
« En journée, il n’y a besoin d’électricité nulle part, et on capte mieux la chaleur », explique Pier-Paolo Bonandrini. Le bois, utilisé pour l’ossature de la maison, permet aussi de faire des économies. « C’est plus cher que du parpaing, mais le montage est plus rapide (cinq mois contre onze mois en moyenne). On y gagne en coût de main d’œuvre. Le transport est plus facile, donc moins d’impact carbone. Enfin, l’isolation est meilleure et évite des déperditions de chaleur. »
Dans le jardin, une cuve sous terre de 4.000 litres permet de récupérer les eaux de pluie pour les réutiliser. Sur le toit, du bac acier au lieu de tuiles, « fabriqué et transporté plus rapidement, donc moins cher et moins polluant ». Enfin, pour le chauffage, le couple a investi dans une chaudière à compensation, au rendement beaucoup plus élevé qu’une chaudière traditionnelle, et qui pollue moins.
Au final, le budget de la maison, en comptant les honoraires des architectes, se monte à un peu plus de 150.000 euros, pour 100 m2 habitables.
« On est à 1.280 euros le m2, alors que la moyenne en Ile-de-France est de 1.600 euros. Les gens pensent systématiquement que la maison d’architectes est un luxe. C’est faux. Construire une maison intelligente permet de faire des économies au long terme », insiste Pier-Paolo Bonandrini. Patrick, impatient, espère terminer vite les finitions de sa maison. Dans une semaine à peine, sa petite famille emménage.
Edition France Soir du mardi 8 décembre 2009 page 12