Le terme d’« écologie profonde » a été forgé par Næss dans les années 1970 en opposition à une autre forme d’écologie, dite « superficielle », et qui correspond peu ou prou aux politiques écologiques aujourd’hui mises en place dans les pays industrialisés.
Pour le dire simplement, l’écologie superficielle est pour Næss une écologie de type réformiste qui se focalise uniquement sur la réduction de la pollution et la sauvegarde des ressources matérielles en vue de garantir le niveau de vie actuel des sociétés riches.
C’est une écologie qui n’interroge pas la place de l’homme dans la nature et qui entend résoudre la crise environnementale par l’unique biais de réformes administratives, économiques et politiques, tout en s’appuyant avec optimisme sur les données transmises par la science.
L’écologie profonde, telle que Næss la conçoit, ne remet pas en cause la nécessité de ce type d’actions à court terme, mais elle place la réflexion écologique au niveau métaphysique et culturel.
Pour Næss, la crise écologique est le résultat d’une perception du monde erronée dans laquelle l’homme se conçoit comme une partie indépendante de la nature.
L’écologie profonde propose donc une nouvelle vision du monde (une « écosophie »), une nouvelle ontologie, un nouveau système de normes, de valeurs et de pratiques qui rendent coextensifs l’épanouissement de la vie humaine et celui de la vie non humaine sur Terre. Cela dit, l’expression même d’« écologie profonde » a donné lieu à de multiples versions parfois contradictoires.
Et elle est devenue une étiquette commode qu’il convient désormais d’utiliser avec précaution. Næss lui-même a d’ailleurs plusieurs fois récusé ce terme.