Attention, empêcher de chasser est puni d’une amende de 1 500 €
Article mis en ligne le 8 juin 2010

Les chasseurs ont obtenu la création d’une infraction par un décret du ministère de l’Ecologie : « l’obstruction à un acte de chasse ».

C’est un décret daté du 4 juin, qui vise les saboteurs de chasse à courre. Une vieille tradition française, exportée en Grande-Bretagne au XVIIe siècle, qui revendique 10 000 pratiquants et 150 à 200 000 « suiveurs ».

Quelque 420 équipages partent chaque hiver à l’assaut des animaux sauvages, deux fois plus qu’en 1914 et plus que n’importe où dans le monde.

Depuis quelques années, l’opposition à cette pratique a pris un tour nouveau : des défenseurs des animaux ont tenté de s’opposer physiquement aux chasses, armés simplement de chevaux et de chiens. On appelle cela le « hunt sabotage ».
« Ils s’interposent grâce à des aérosols au poivre »

A la Fédération nationale des chasseurs, Pierre de Boisguilbert, également secrétaire général de la société de vénerie, raconte :

« Ils arrivent à vingt, trente ou quarante, vêtus de noir, cagoulés, et s’interposent physiquement grâce à des bombes aérosol au poivre, par exemple.

Nous avons toujours demandé aux chasseurs de garder leur calme, de ne pas répondre aux provocations et ça n’a pas dérapé.

Le problème est que chaque fois que les chasseurs ont porté plainte, les procureurs ont toujours classé sans suite.

Heureusement que ça n’arrivait presque jamais lors des chasses à tir, car on aurait risqué l’incident. »

« Le décret a été arraché par les chasseurs »

Désormais, les gendarmes pourront immédiatement verbaliser, et au tarif fort (1 500 euros) d’amende. Jean-Louis Borloo, ministre de la Chasse en même temps que de l’Environnement, a donné raison aux chasseurs plutôt qu’aux défenseurs des animaux.

« Le décret a été arraché par les chasseurs », s’insurge David Chauvet, de l’association Droits des animaux, qui juge la « méthode scandaleuse » :

« Alors que 73% des Français sont opposés à la chasse à courre, selon un sondage Sofres de 2005, alors que l’Assemblée nationale a rejeté la création de cette infraction, le ministre publie un décret de complaisance.

Il ferait mieux de s’interroger sur l’abolition de la chasse à courre plutôt que de punir ceux qui s’y opposent. »

Le puissant lobby de la chasse a toujours réussi à bloquer toute proposition de loi. Et du coup, la France est devenu une exception en Europe. Cerfs, chevreuils, sangliers, renards, lièvres, lapins sont abondamment poursuivis par des hordes de chiens dans les forêts françaises. Mais pas en Angleterre, en Allemagne et en Belgique, où la pratique est interdite.

Rue89