L’agriculture peut potentiellement offrir une partie importante de la solution au changement climatique grâce à sa capacité d’atténuation (réduction et/ou élimination) d’un volume important des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publié jeudi.
La diffusion de ce rapport, intitulé Food Security and Agricultural Mitigation in Developing Countries : Options for Capturing Synergies, coïncide avec les négociations de Barcelone sur le changement climatique (2-6 novembre 2009) qui se tiennent sous l’égide de l’ONU et dont l’enjeu est de préparer le Sommet de Copenhague. La conférence de Copenhague (7-18 décembre 2009) a pour but de trouver un accord sur la lutte contre le changement climatique pour succéder au protocole de Kyoto, qui vient à échéance le 31 décembre 2012.
Les options techniques les plus importantes pour que l’agriculture contribue à l’atténuation du changement climatique sont l’amélioration de la gestion des terres cultivées et des pâturages et la restauration biologique des sols et des terres dégradées.
Près de 90% du potentiel technique d’atténuation de l’agriculture provient de la séquestration du carbone par les sols. Il s’agit notamment d’accroître dans les sols les niveaux de matières biologiques dont le carbone est le principal composant.
Cela peut se traduire par une meilleure teneur en nutriments végétaux, par l’augmentation de la capacité de rétention de l’eau et par une meilleure structure, le tout débouchant sur des rendements plus élevés et une plus grande résilience.
Les options techniques d’atténuation par la séquestration du carbone peuvent comprendre : la réduction du labourage, l’utilisation des résidus pour le compostage ou le paillage, l’utilisation de cultures pérennes pour la couverture des sols, le ré-ensemencement et l’amélioration de la gestion des pâturages dans les prairies.
D’autres options comportent des avantages en ce qui a trait à l’atténuation du changement climatique mais peuvent entraîner des conséquences négatives pour la sécurité alimentaire et le développement. Dans certains cas, elles donnent lieu à des synergies à long terme, mais comportent des compromis ou des concessions à court terme.
La production de biocarburants offre une alternative propre aux carburants fossiles mais elle peut rivaliser avec la production alimentaire en privant celle-ci d’une partie des ressources en terre et en eau dont elle aurait besoin. La restauration biologique des sols permet une plus grande capacité de séquestration du carbone, mais elle peut entraîner une réduction des terres disponibles pour la production alimentaire. La restauration des parcours peut améliorer la séquestration du carbone lorsqu’on limite le nombre des têtes de bétail, mais elle réduit à court terme les revenus des bergers.
Certains compromis peuvent être gérés par des mesures d’amélioration de l’efficacité ou par le versement de primes ou de compensations.
La plupart des options techniques d’atténuation sont disponibles et peuvent être immédiatement déployées. Mais bien qu’avec le temps elles génèrent souvent des avantages positifs, elles impliquent des coûts significatifs.
D’autres obstacles – notamment les droits de propriété incertains et le manque d’information, d’assistance technique et d’accès aux semences et fertilisants appropriés – doivent être également surmontés.
Le rapport fait état de mécanismes de financement qui pourraient débloquer les avantages potentiels de l’agriculture pour l’atténuation du changement climatique, la sécurité alimentaire et le développement agricole.
Une gamme d’options de financement – public, public-privé et marchés du carbone – font actuellement l’objet de négociations en vue d’initiatives d’atténuation du changement climatique dans les pays en développement.
Elles pourraient constituer des sources de financement pour les initiatives d’atténuation par l’agriculture, selon le rapport, tout comme pourrait faire l’affaire un Fonds international dédié au soutien de l’atténuation par l’agriculture dans les pays en développement et à la coordination des financements provenant de l’aide publique au développement de l’agriculture.