Prost : « Les temps ont changé »
Article mis en ligne le 24 novembre 2009
dernière modification le 4 octobre 2014

Alain Prost et sa Dacia Duster © DPPI
Alain Prost, qui participera au Trophée Andros au volant d’une Dacia Duster, est revenu sur les motivations qui l’ont poussé à s’engager avec le constructeur low cost du groupe Renault.
Alain, qu’est-ce qui vous a plu dans le projet de Dacia ?
Il y a une vraie stratégie de groupe, avec le sportif d’un côté, le marketing de l’autre. Outre le fait d’avoir construit une nouvelle voiture, nous allons mettre la marque Dacia en avant dans une discipline très médiatisée pendant deux à trois mois, de manière assez décalée. Il y a un côté amusant, ça surprend un peu les gens. On n’aurait peut-être jamais pu faire ce projet il y a quatre ou cinq ans. Aujourd’hui, les temps ont changé, avec une évolution de l’automobile à tous les niveaux.

Pourquoi Dacia, marque ‘low cost’ de Renault, investit le sport automobile ?
Avant, les gens parlaient de Logan comme d’une marque. Mais la marque, c’est Dacia, la Logan n’est qu’un modèle. Il faut donc employer une vraie stratégie pour mettre en avant la marque Dacia et lui faire gagner de la notoriété, afin qu’elle puisse vivre seule. Je ne sais pas jusqu’où on ira dans le futur, mais Dacia correspond à ce que les gens veulent. Le prix reste l’argument n°1 de l’achat d’une voiture pour beaucoup de Français.

Pensez-vous pouvoir gagner le Trophée Andros ?
Le projet est tout neuf, on l’a décidé assez tard. Notre voiture a pas mal de petites nouveautés et elle n’a été prête que cette semaine. Nous allons certainement rencontrer des petits défauts de jeunesse. Il ne faudra pas être trop loin lors des premières courses, pour progresser après. Ca va être la stratégie inverse de nos concurrents (Skoda), qui vont chercher à marquer un maximum de points lors des premières courses. Le but est de se bagarrer jusqu’au bout pour remporter le Trophée.

Vous travaillez de nouveau avec le groupe Renault, avec qui vous avez piloté en Formule 1, c’est un clin d’œil ?
C’est un groupe que je connais bien, c’est vrai. Mais c’est un groupe qui évolue autant qu’évolue le monde de l’automobile. Les gens changent, les stratégies diffèrent...

Le niveau de compétitivité est-il plus élevé sur le Trophée Andros cette année ?
Le niveau est automatiquement plus élevé. Les pilotes de pointe sont de plus en plus nombreux. Ce sont souvent les mêmes mais ils ont de plus en plus d’expérience, avec des voitures de plus en plus abouties. Il y a de plus en plus de concurrence.

Quelle sera votre stratégie ?
Il faut pouvoir gagner des courses mais aussi jouer placé car il y a le système de handicap de poids. Il ne faut pas se laisser surprendre car, si on se loupe, on peut se retrouver septième, huitième… Ca peut faire la différence.

Vous parliez des temps qui changent. Les voitures électriques arrivent sur le Trophée. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Le côté positif, c’est que l’on puisse mettre ensemble des voitures traditionnelles et un projet de développement de voitures électriques. Car il s’agit vraiment de développement. J’ai essayé la voiture et, par rapport à l’année dernière, il y a déjà de grosses évolutions. Il faut faire confiance aux ingénieurs. Les personnes de grandes entreprises regardent ça avec beaucoup de bienveillance.

Pensez-vous que l’émergence des voitures électriques va induire une nouvelle génération de pilotes ?
Si on va dans ce sens là, il y aura forcément une génération de pilotes ‘électriques’ car ce sont deux styles de pilotage un peu différents. Ce sont des habitudes à prendre.

Vous croyez donc en l’émergence d’un sport automobile électrique ?
Il y a d’autres problèmes… C’est pour cela que j’aime la formule du Trophée andros qui allie les deux. Si on veut aller trop vite dans l’électrique, on imposerait brutalement aux fans de sport automobile des voitures électriques et ils seraient sans doute un peu perdus… Il faut y aller doucement, ne pas oublier la notion de plaisir. Quand j’ai essayé la voiture l’an dernier, je n’y ai pas pris de plaisir. Cette année, c’est déjà beaucoup mieux.

Vous pensez que la compétition va permettre des évolutions en matière de voitures électriques ?
En sport automobile, on cherche à améliorer les choses en continu. Dès que vous parlez de grande série, vous figez une définition technique pour un produit qui sera produit à des dizaines de milliers d’exemplaires. Et, pendant trois ou quatre ans, les choses n’évolueront pas. C’est pour ça que la compétition automobile est importante, car c’est un terrain d’expérimentation. Les gens veulent toujours qu’on leur donne des exemples précis. Mais quand vous discutez avec des ingénieurs concentrés là dessus, vous vous apercevez que c’est une succession de petits détails qui peut leur apporter un ‘plus’ par la suite. La course automobile sera toujours très importante si on l’utilise dans ce cadre là.

Vous avez poussé votre fils Nicolas afin qu’il s’engage sur le Trophée Andros ?
Oui, c’est bien pour lui. Il a déjà un programme ‘endurance’ établi pour les deux prochaines années. Il devait faire l’A1GP mais ça a été repoussé. Il a fait peu de courses, il a eu peu de chances de rouler sous la pluie, je trouvais que c’était une double raison de s’acclimater à la glace pour prendre un peu de feeling. J’aurais aimé pouvoir le faire à l’époque de la F1, pas forcément en compétition mais en entrainement. C’est toujours une bonne chose, ça permet d’être dans un rythme de course.

Quels sont les favoris pour le Trophée Andros ?
Incontestablement, Jean-Philippe Dayraut (vainqueur la saison passée). Peut-être même Olivier (Panis). Ils sont de la même équipe (Skoda), c’est difficile de savoir dans quelle mesure ça peut bien se passer. Nous on arrive avec une nouvelle équipe, une nouvelle voiture, on est les challengers.

Tout autre sujet : que pensez-vous du choix du circuit pour accueillir le Grand Prix de France de F1 ?
C’est au gouvernement de décider. Disney était sans doute le meilleur projet, avant Flins. Mais il y a de plus en plus de problèmes par rapport aux Verts, par rapport à une certaines image. En tout cas, ça ne se fera pas autour de Paris.

Jean Todt, président de la FIA, peut-il aider en ce sens ?
Il ne faut pas penser qu’un président, parce qu’il est Français, peut tout faire changer du jour au lendemain. C’est sûr que c’est un avantage, mais une seule personne ne peut pas tout changer. C’est toute une synergie qui doit se mettre en place. Regardez le nombre de sponsors français qui ont récemment investi en sport automobile, notamment en Formule 1. Il n’y en a pas un, ou presque pas. C’est toute une synergie qu’on a perdue. On est, en plus, un pays assez autophobe. Il y a une vraie démagogie au niveau des sujets environnementaux. Pour finir, on ne représente pas, aujourd’hui, en France, un pouvoir économique important par rapport au monde extérieur.

Jean-Côme Decroos
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