Guillaume Navarro (RMC Sport) - RMC.fr, le 04/11/2009
Honda, BMW, Bridgestone, Toyota… les plus grands noms désertent la F1. De lourds nuages noirs d’origine économique s’accumulent au dessus la plus prestigieuse des compétitions automobiles.
Inter-saison 2008-2009 : Honda annonce son retrait de la Formule 1 en raison de la crise économique mondiale. Coup de tonnerre et onde de choc dans le paddock. La discipline prend conscience qu’elle n’est pas épargnée par la crise et par les difficultés financières. Ross Brawn lance alors un plan de sauvetage et récupère l’équipe, bien dégrossie. Quelques mois plus tard, il remporte les titres pilotes et constructeurs sous le nom de Brawn GP…
L’histoire, si elle est belle, dissimule pourtant les difficultés rencontrées par de nombreux protagonistes du sport automobile. Des difficultés financières, des soucis d’image, et un tiraillement de plus en plus important lorsqu’il s’agit de justifier un investissement colossal en F1, là où les chaînes de production ferment ou tournent au ralenti, et que les ventes automobiles stagnent, y compris sur les marchés émergeants. L’ère du tout écologique qui s’ouvre n’arrange rien. Les grands manufacturiers ne s’y retrouvent plus entre le message à véhiculer et ce qu’offre la F1 sur les plus beaux tracés du monde.
Ainsi, après dix saisons au sommet en tant que motoriste puis équipe, BMW a elle aussi jeté les armes et disputé à Abu Dhabi son dernier Grand-Prix. Bridgestone, le fournisseur pneumatique japonais qui équipe tout le plateau, a quant à lui décidé de ne pas poursuivre l’aventure au-delà de la saison 2010. En cause ? Le manque de retour publicitaire valorisable. La situation de monopole de Bridgestone et la victoire assurée chaque week-end de course ne permettent en effet pas de mener une campagne efficace. Toujours au Japon, Toyota a annoncé aujourd’hui son retrait immédiat de la F1, en raison du besoin de rediriger ses ressources sur son ingénierie et sur des investissements plus terre-à-terre. Le meilleur marketing serait-il devenu la discrétion ?
Le retour des « artisans »
Une sortie que Renault considère également depuis un certain temps. Menacé il y a un an, le programme F1 avait été sauvé in extremis par Flavio Briatore lors d’une victoire acquise à Singapour dans des circonstances que l’on sait maintenant truquées. Retour de bâton ironique, c’est ce même Grand-Prix qui aura tant nuit à l’image de l’écurie au losange cette année, amenant Carlos Ghosn et les dirigeants de Renault à refaire la liste des avantages et des inconvénients à être impliqué en F1. Et au moment de faire les comptes, force est de constater que la colonne des avantages marque le pas.
La F1 se dirige peut-être vers une nouvelle ère : celle des méga-marques, comme RedBull ou Virgin, présentant elles aussi le risque de se comporter comme des girouettes au gré du contexte économique mondial. Mais surtout, les signes annonciateurs d’un retour vers une F1 d’équipes indépendantes se multiplient. La F1 sera-t-elle sauvée par le retour des « artisans » ? Williams et Ferrari, aux racines les plus profondément ancrées, en sont les plus beaux spécimens…