Jean-Paul Huchon : « Il faut que l’on apprenne à produire autrement »
Article mis en ligne le 28 mai 2010
dernière modification le 26 mai 2010

Le retour des terres de la Ferme de la Haye des Mureaux à l’agriculture bio a été marqué par la visite, mercredi 19 mai, de Jean-Paul Huchon, Président de la Région Ile-de-France et d’Hélène Gassin, vice-présidente chargée de l’environnement, sur ces terrains promis un an auparavant, à accueillir le Grand Prix de France de F1.

De la F1 au bio

L’abandon du projet de circuit de F1 en décembre 2009 par le Conseil général des Yvelines, porteur du projet, ne signifiait pas pour autant un retour garanti des terrains de la Ferme de la Haye à sa vocation première, la culture biologique.
Une visite qui consacre le retour au bio des terrains de la ferme de la Haye

Mais la promesse de Pierre Bédier (alors président du Conseil général des Yvelines) de rendre les terrains à l’agriculture, si le circuit ne se faisait pas, a été tenue par Alain Schmitz, son successeur, et la Région Ile-de-France, par le biais de son Agence des Espaces Verts (AEV), a pu ainsi acquérir les 178 hectares de terrain, dont 140 de terres agricoles, sur les communes de Flins et des Mureaux.

Terres qui seront désormais exploitées par des agriculteurs bio exclusivement : « Nous avons pris une délibération assez importante sur l’agriculture biologique avec la promesse d’atteindre 20% des surfaces agricoles d’Ile-de-France en bio dans dix ans. Nous ne pouvions pas manquer une occasion pareille d’offrir une possibilité aux agriculteurs de se tourner vers l’agriculture biologique. Il faut que l’on apprenne à produire autrement. » souligne le président de Région.

Satisfaction générale

Mercredi 19 mai à la Ferme de la Haye aux Mureaux, la satisfaction de l’AEV, de la Safer, des agriculteurs, de la Chambre d’agriculture et des associations anti-F1 était totale : « La mobilisation citoyenne a duré un an contre l’implantation du circuit de F1 sur ces terres. C’est une grande victoire et une réelle satisfaction de voir que le pot de terre peut gagner contre le pot de fer. » déclarent Laurette et Fabienne du collectif Flins sans F1.

Pour Hélène Danel, présidente de l’association Flins sans circuit F1, ce retour des terres à l’agriculture bio est révélateur : « On revient au projet initial avec une plus grande maturité et une meilleure connaissance des espèces protégées sur le site. Une vraie politique agricole se met également en place, c’est très positif ». Jean-Paul Huchon, lui, condamne l’attitude des instigateurs du projet de F1 : « Nous avons tout fait pour éviter ce projet absurde et un peu criminel de circuit de F1. Aujourd’hui, c’est un juste retour des choses ».
Fabien Frémin (à droite) est un des deux agriculteurs implantés sur la ferme de La Haye

De son coté, le Conseil général des Yvelines se félicite « de constater que les terrains de Flins-Les Mureaux restitués à la Safer reviennent à des agriculteurs » et défend sa politique : « le projet de circuit de Formule 1 était l’une des composantes du plan de relance de la filière automobile qui a abouti à la création de la Vallée de l’Automobile et de la Mobilité Durable. La politique du Département dans ce domaine a joué un rôle essentiel dans le maintien de l’activité industrielle sur le site de Flins » indique Alain Schmitz dans un communiqué.

Deux maraîchers et un céréalier

Le retour des terrains de la Ferme de la Haye à l’agriculture bio sera assuré par des exploitants agricoles. Les maraîchers Fabien Frémin et Joël Picard, tous deux en projet de développement de leurs exploitations se partageront 20 hectares. Un céréalier a été retenu également pour exploiter 115 hectares de terres vacantes. Ces trois preneurs s’inscrivent dans une démarche de certification Agriculture Biologique. 4,5 hectares ont été attribués à la commune des Mureaux. Elle pourra ainsi, avec 3 hectares supplémentaires louées à la Région, réaliser son projet de Maison de la Terre et ses jardins familiaux.
Autres débats, autres questions à Jean-Paul Huchon.

Le Grand prix de France à Sarcelles ?

Pour Jean-Paul Huchon, le prolongement de la Francilienne oui, mais pas par le tracé vert

« Il y a une volonté du maire mais qui n’est pas suivie par les habitants ni par les communes du secteur. Je ne vois pas très bien comment ils trouveront les financements pour une opération comme celle-là. Le site est moins directement critiquable qu’ici mais encore plus gênant pour des raisons de patrimoine et de paysage. Il est à quelques encablures du château d’Ecouen et là aussi nous sommes du coté de ceux qui se battent contre ce projet. »

Favorable au prolongement de l’A104 ?

« Si prolongement il y a, il faut qu’il se fasse sans passage dans les zones urbaines ou du moins avec les protections suffisantes. Il y a une forte résistance sur ce bouclage dans les Yvelines, un peu moins dans le Val d’Oise car les gens de la ville nouvelle sont très favorables à ce tracé. Toutefois, quand on regarde le tracé vert on dirait qu’a été choisi le tracé le plus pénalisant pour les habitants. Il passe à quelques kilomètres des écoles maternelles ou des habitations. Ce sera un cauchemar pour les populations riveraines. On ne financera pas ce bouclage, certainement pas. Quand on a commencé notre travail à la région en 1998, le montant des crédits transports était de 50% pour les routes, 50% pour les transports publics, aujourd’hui c’est de l’ordre de 85-90% pour les transports publics. On ne va pas changer de politique. Bien au contraire. »

A noter : Photo logo : Jean-Paul Huchon en compagnie d’Hélène Gassin (au centre à gauche), des maraichers, de conseillers régionaux et de politiques locaux.