La France regarde la Formule1 s’éloigner
Article mis en ligne le 29 novembre 2009
dernière modification le 27 novembre 2009

Citations :

« Il dit cela parce que ce n’est pas son projet, mais le mien »François Pupponi.

« le circuit de F1 n’aurait été que la cerise sur le gâteau » CG78 NDLR : c’est quoi le gâteau ?

« Si je veux construire un circuit de F1, j’en ai le droit. C’est d’ailleurs ce qu’on va faire. On se moque de ce que décidera l’Etat. Les maires de Villiers-le-Bel et de Sarcelles sont prêts à délivrer le permis de construire, et le projet est entièrement financé par des partenaires privés. »François Pupponi.

L’express

Des mois qu’un appel à candidatures pour organiser le Grand Prix de France a été lancé. Des mois que le gouvernement aurait dû trancher. Des mois qu’un projet aurait dû se dégager. Au lieu de cela, rien. En exclusivité, LEXPRESS.fr vous raconte les coups de bluff et les manoeuvres de déstabilisation des uns et des autres.

« Le projet de circuit à Sarcelles ne se fera pas. Il y a un problème avec un gazoduc sur le terrain. J’ai bien peur que le Grand Prix de France soit mort. » D’une phrase lâchée au terme d’une réunion sur le Grand Paris, Didier Arnal, président PS du Conseil général du Val-d’Oise, vient d’enterrer une épreuve vieille de plus d’un siècle.

Après tout, ce n’est pas une surprise. Depuis plus d’un an, la Fédération française du sport automobile (FFSA) cherche le circuit qui pourrait remplacer le champêtre Magny-Cours, dont Bernie Ecclestone, argentier de la F1, ne veut plus entendre parler.

A l’appel d’offres de la FFSA, six projets avaient répondu présent. L’un d’entre eux a abandonné (Disneyland), deux n’ont donné aucune nouvelle depuis des mois, le quatrième n’est qu’une rénovation de Magny Cours. Il n’en restait donc plus que deux : Flins dans les Yvelines, et Sarcelles dans le Val-d’Oise. Mais début novembre, les bruits se sont faits de plus en plus insistants : le Conseil général des Yvelines va annoncer le retrait de son projet, contesté par les riverains, et combattu par Jean-Louis Borloo, Chantal Jouano et Jean-Paul Huchon.

« Comment peut-il raconter des conneries pareilles ? »

Les espoirs reposaient dès lors sur les épaules de Sarcelles, jusqu’à ce que Didier Arnal annonce la mort du projet. La conclusion est limpide : le GP de France n’est plus.

Sauf que, sauf que... les défenseurs du projet en question contestent totalement la prise de position de Didier Arnal. Joint par LEXPRESS.fr, Jean-Pierre Beltoise, ancien champion de F1 et soutien du dossier, s’emporte : « Comment Arnal peut raconter des conneries pareilles ? Je suis fou de rage. Il y avait bien un problème avec un gazoduc, mais il a été réglé il y a deux mois. Le tracé ne passe plus sur ce gazoduc. Il n’y a aucun problème de faisabilité. Le projet aboutira avant Noël. »

Le projet mort-né de circuit à Flins, dans les Yvelines.

Le député-maire PS de Sarcelles, François Pupponi, est tout aussi colère contre le patron du département : « Didier Arnal prend ses rêves pour des réalités. Il dit cela parce que ce n’est pas son projet, mais le mien. J’ai d’ailleurs une lettre du Conseil général qui affirme qu’il soutient le projet. »

De son côté, Flins semble bien décidé à déclarer forfait. D’après nos informations, on jugerait au Conseil général des Yvelines que le lancement du projet de développement de la filière automobile est un succès. Et que « le circuit de F1 n’aurait été que la cerise sur le gâteau ». Aucune décision ne sera annoncée avant la mi-décembre, au moment où les résultats des études d’impact seront connus.

La piste du Castellet

Bilan : en Ile-de-France, la bataille se joue entre un projet en proie à de sévères empoignades, et un circuit mort-né. La solution pourrait donc venir d’un site déjà construit en régions. François Fillon, élu de la Sarthe, a naturellement un penchant pour Le Mans, mais l’Automobile Club de l’Ouest, organisateur des 24 heures, n’envisagerait pas de se lancer dans la coûteuse aventure de la F1.

Devant une situation aussi chaotique, Magny-Cours reprend espoir. Aujourd’hui, c’est le seul circuit autorisé à recevoir des F1 en France. Et même si Bernie Ecclestone a dit tout le mal qu’il pensait du circuit, des travaux ont discrètement commencé. La ligne droite des stands est en train d’être élargie de trois mètres.

Dans la Nièvre, on confie pourtant que les espoirs d’accueillir un Grand Prix sont minces. Et que, surprise, c’est du côté du Castellet qu’on s’active. On glisse même qu’une tribune est en train de sortir de terre.

Bien que le circuit Paul Ricard, dans le Var, soit l’un des centres mythiques des sports auto en France, l’idée semble avoir fait pschit. D’ailleurs, au Castellet, on dément : « Il y a bien une réflexion sur l’organisation éventuelle d’un Grand Prix en 2011, mais ce n’est qu’une amorce. Nous ne construisons pas de tribunes en tout cas. »

Le projet Val de France autour de Sarcelles se dévoile en partie sur le site officiel du projet ici.

Rien à Flins, au Mans, à Magny-Cours, au Castellet. La solution pourrait finalement venir de Sarcelles. François Pupponi entend sauver le GP de France par sa seule volonté : « Si je veux construire un circuit de F1, j’en ai le droit. C’est d’ailleurs ce qu’on va faire. On se moque de ce que décidera l’Etat. Les maires de Villiers-le-Bel et de Sarcelles sont prêts à délivrer le permis de construire, et le projet est entièrement financé par des partenaires privés. »

Quels partenaires ? On n’en sait pas plus pour le moment. Et même si la mairie de Sarcelles peut porter le projet seul, il faudra trouver un promoteur pour supporter le coût pharaonique de l’organisation d’une telle épreuve. Décidément, le barnum de la F1 s’éloigne de la France. Il file au sud, vers de nouveaux horizons.