une histoire d’un pot de terre qui gagne contre un pot de fer... Pas si fréquent !
La Victoire contre l’aberrant projet de circuit F1 à Flins - Les Mureaux (Yvelines)
Article mis en ligne le 25 juin 2013
dernière modification le 29 novembre 2019

Pourtant au départ, en novembre 2008, ce n’était pas gagné d’avance, toujours le pari de la lutte du pot de terre contre le pot de fer... ou David contre Goliath ...

Le pot de fer : c’était le Conseil Général du 78, qui à l’unanimité de ses élus de tous bords, a voté sans broncher, ce projet de circuit F1à Flins, financé par l’argent public !

Une opération politique de son président Mr Bédier, souhaitant redorer son blason écorné par des affaires... et surement voulant marquer l’histoire de la région de son sceau, une forme de mégalomanie qui atteint certains hommes de pouvoir ...!

Ses soutiens : Mr Fillon, très grand fan de F1, et tous ceux qui, de droite comme de gauche (comme les maires de Flins et des Mureaux), nous la jouaient « avenir de l’emploi automobile », mystification qui n’a illusionné qu’un temps la population non consultée... et ce, au mépris d’un projet d’agriculture biologique prévu au même endroit !

Le pot de terre : c’était notre dynamique et inventif Collectif Flins sans F1, très vite constitué de centaines de citoyens, plusieurs dizaines associations environnementales ou altermondialistes, de soutiens de quelques partis (EELV, NPA, PG), dont certains divisés (PCF, PS, Modem...), de mairies, d’élus locaux, et par la suite du Conseil Régional d’Ile de France...

Car nous VOULIONS GAGNER ! Ce circuit nous n’en voulions pas, ni à Flins ni ailleurs !

Le « pas dans mon jardin », ce n’était pas notre truc et nous avons d’ailleurs contribué à monter une coordination des opposants sur d’autres sites d’Ile de France envisagés pour ce circuit (Marne la Vallée, Sarcelles...)
Ce circuit F1, c’était abord une aberration indécente et un non-sens face à la crise économique touchant de plein fouet l’industrie automobile, et face à la très grave crise écologique hypothéquant l’avenir de nos enfants et de la planète :
effet de serre, danger pour la nappe phréatique (la 2è d’Ile de France !), graves nuisances à court et long terme (bruit, pollutions, circulation), consommation excessive de pétrole, destruction des terrains promis à un projet agricole et biologique et qui, heureusement depuis, ont retrouvé leur objet initial.

Nous refusions ce projet prônant une évasion illusoire dans de grands messes sportives ultracoûteuses et polluantes, glorifiant l’esprit de compétition et la conduite à risque au lieu de répondre aux besoins vitaux de la population ...

Ce circuit F1, c’était une véritable mystification en terme d’emploi, baptisée pompeusement par ses initiateurs « Vallée de l’automobile » : des emplois limités à la construction, précaires, temporaires et même pas locaux, et aucunement une solution à la crise actuelle dans l’automobile.

Car oui, la question tabou était posée : faut-il continuer à aller dans le mur avec le tout automobile posant celle de sa reconversion ?

Tout emploi, même nuisible et source d’inégalités, est-il bon à prendre ?

Pourquoi cette folie des voitures de course, d’un coût exorbitant pour les entreprises, alors que nous avons tant besoin d’un développement des transports en commun de qualité et gratuits, d’autres moyens de circulation et d’un autre rapport et de lien entre habitat et travail …

ENFIN, en décembre 2009, ce projet faramineux et nuisible, a donc été annulé grâce à l’implication de très nombreux citoyens refusant qu’on décide à leur place de leur avenir.

Organisés en collectif très dynamique et participatif, de simples citoyens, souvent non engagés ailleurs, sont devenus des experts citoyens résistants, de plus en plus pointus, réactifs, inventifs et imaginatifs de contre-propositions constructives…

Nous nous sommes vraiment pris en main pour qu’on entende notre voix et cela a payé !

Nous avons essayé d’utiliser les moyens classiques (pétitions, réunions centrales ou plus locales, tracts, autocollants, courriers, communiqués, recours juridiques, manifestations festives et dynamiques, exposition itinérante évolutive, site internet interactif et participatif...), pour en faire des outils de démocratie participative au plus proche de la population, profitant de chaque occasion qui nous était donnée d’apparaitre : foires à tout, réunions du CG, réunions locales et décentralisées que ce soit avec les pour et les contre, forums sur places de mairies, banderoles
décoratives dans certains villages, peintures de rue … bref, une pratique concrête d’une forme vivante d’éducation populaire et d’auto-formation.

Ainsi chacun a pu expérimenter que le combat contre ce projet de F1 très « politique », emblématique d’un type de société mortifère et destructeur, a amené tout naturellement à faire de la politique autrement, à mettre la volonté de démocratie réelle au poste de commande.

Ce ne fut pas si facile, mais par un fonctionnement horizontal, c’est la mise en commun des compétences et talents individuels et collectifs, avec l’écoute et le respect de chacun et de chaque voix égale, qui l’a emporté. Cela nous a permis de tenir, de surmonter des débats parfois houleux, de contrecarrer certaines volontés de pouvoir et au final de nous enrichir.

Et tout cela a fait mouche ! La bataille de l’opinion a été gagnée, y compris parmi le personnel de Renault Flins plutôt favorable au circuit F1 au départ, la direction Renault n’étant pourtant pas non plus très emballée, ébranlant sérieusement le gouvernement, déjà mis à mal par l’aggravation de la crise économique et la chute judiciaire puis politique du Président du CG, Pierre Bédier !

Ce que nous retiendrons et qui restera gravé, c’est le formidable élan citoyen que ce combat transversal et sociétal a fait surgir pour la démocratie réelle et la conscience écologique citoyenne.

Depuis, notre « ex Collectif Flins sans F1 » est devenu « Collectif sans fin », plus informel, mais restant un réseau prêt à se relever, comme par exemple contre les gaz et huiles de schiste qui menacent les 2/3 des Yvelines. Pour ce nouveau combat écologique contre les profits et le déni de démocratie, il a suffi de transposer logiquement l’objectif « ni ici, ni ailleurs ! » ainsi que les exigences et pratiques de débat et de fonctionnement démocratiques…

Notre site internet reste un outil d’information et de vigilance environnemental encore très visité !

Ce magnifique combat victorieux contre le circuit F1 a porté ses fruits et laissé bien plus que les traces encore visibles sur le bitume des routes de la Vallée de la Seine !

Il est exemplaire par sa remise en cause de ce que peut produire de plus absurde le système capitaliste de plus en plus rejeté.

Puisse cet exemple faire des émules : oui, quand on lutte collectivement, ça laisse de bonnes traces et plus rien n’est jamais comme avant.

Cette victoire est à mettre à l’actif de tous ces combats exemplaires à l’honneur pendant ce Forum contre les grands projets inutiles et coûteux à Notre
Dame des Landes, à qui nous souhaitons de remporter aussi une belle victoire !

Pour le Collectif Flins sans F1/ Collectif sans fin …

Fabienne Lauret