Le monde pas si rose du béton, des carrières et des déchets...

On ne déconstruit plus, on éclate, on implose, on broie les immeubles sans savoir quoi faire de ces montagnes de gravats. Et pour reconstruire du neuf, on creuse, on mine, on exploite les ressources naturelles jusqu’à épuisement...

Article mis en ligne le 3 octobre 2016
dernière modification le 29 novembre 2019


Studios de Bry sur Marne, Station de ski dans un frigo géant à Élancourt, Centerparcs, TGV ruineux, habitats tout « béton banché », Saint Denis et sa place du « Front populaire » au milieu de toute une histoire fraichement rasée, Ministère de la Défense, Partenariat Public Privé .... Silence on coule... du béton... pour démolir ensuite, et creuser des carrières afin d’y enfouir notre furie consommatrice.

Le mythe de Sisyphe en version contemporaine...

 Croire au père Nöel ?

Les alarmants épuisements des ressources et dérèglements climatiques semblent motiver une frénésie de plus en plus absurde chez les promoteurs du btp (Centerparc dans l’isère, dans le jura, studios Bry sur Marne, et pourquoi pas une station de ski aussi,...) et ce malgré des études et rapports de plus en plus nombreux et inquiétants (même les choix de transport sont dans le collimateur)

C’est à se demander si nous n’assistons pas à une tentative désespérée et totalement sourde pour faire perdurer une croyance de croissance infinie, il faut dire que les richesses accumulées par certains peuvent leur donner l’illusion de ne plus faire partie des modestes hôtes de cette planète.
Leurs pratiques de « management » se révèlent également de plus en plus agressives.
Rien n’y fait, parallèlement à une soit disante prise de conscience environnementale, il y a une véritable explosion du greenwashing et une floraison sans précédents de projets de plus en plus décalés [1] des préoccupations d’aujourd’hui.

Les départements « communication » des différentes centrales rivalisent d’imagination et de démagogie pour promouvoir un des pires matériaux que l’homme ait mis en œuvre pour ses ouvrages d’art.
Le béton demande des quantités d’énergie, d’eau, de sable absolument inouïs et interdisent tout réemploi direct ou toute pérennité historique (même la qualité du béton semble menacée par les évolutions climatiques) nous voilà, réinventant les blochaus ornant nos différentes plages et contribuant à hauteur de 7% de émissions de CO 2 mondiales.

Ce matériaux devrait être considéré comme un matériau rare et non comme ce qu’il est à l’architecture ce qu’est l’obsolescence programmée aux biens de consommation. Il est temps de réfléchir à un usage modéré de celui-ci et envisager d’autres alternatives [2].

Évidemment creuser des carrières est une aubaine pour ensuite y enfouir des déchets de toute sortes. La notion de recyclage a peut être été une des pires choses pour économiser les ressources car tout usager se sent déculpabilisé en se disant qu’il ne jette pas vraiment, nous allons même jusqu’à casser, refondre et refabriquer des bouteilles en verres alors qu’une simple stérilisation suffisait du temps des consignes.
L’obsolescence programmée, les blisters, les sacs, les bouteilles, les cartons sont en plein essors et ne sont pas toujours signe d’une très bonne santé de la société voir très inquiétants.

 Les élus

Du côté des pouvoirs publics, de moins moins capables de défendre une souveraineté dans les décisions de développement tant les délégations économiques et autre cercles vicieux d’endettement les relèguent au triste rang d’inoffensifs fantoches (l’achat de leur soumission contribue de plus en plus lourdement au naufrage des finances publiques) s’accrochant à leur fierté, leurs ambitions semblent être de ne pas perdre la face.

La compromission avec les lobbies est très préoccupante et la France n’est pas un exemple d’indépendance. Certains élus se mélangent carrément les pinceaux dans leur propos et d’autres vont au delà du mépris ou de la bêtise, obnubilés par leur bilan comptable ou engagements financiers et trop préoccupés par leur représentation médiatique.

Une approche bureaucratique et décontextualisée entraine des décisions de plus en plus inconscientes.

Enfin, les vrais décisionnaires de ces projets souvent qualifiés « d’intérêt général » sont les préfets, qui sont nommés et non élus, il y aurait peut-être des voies plus démocratiques d’autant que certains flirtent de très, trop, près avec le conflit d’intérêt.

Même la justice devient un bien marchand reniant toute éthique.

 Choix politique ?

Les choix de développement de notre organisation économique, sociale et environnemental ne semble pas obéir à des courant politiques [3] mais plus à une influence des siècles de culture démesurément prométhéenne [4]. En France, il semble que nous soyons loin de nous affranchir des « domestications » et des « maitrises » de notre urbanisme ou de la nature tels que l’on imposé les dictats de Vauban, Le Nôtre ou encore Le Corbusier.

Il est encore temps, mais le temps presse, pour que les citoyens s’ informent et s’impliquent afin de ne pas donner raison à la Nasa ou à l’ONU.

 Actions possibles

Le choix de l’exploitation ou non des carrières de Breuil dans le Vexin fait partie des choix cruciaux que la société civile doit faire sans tarder. [5]

Bien que sans aucune considération car systématiquement « diabolisées », les solutions individuelles et collectives sont nombreuses et très accessibles (mais cela peut aussi s’avérer dramatique,
Ne pas avoir peur de s’exposer auprès de sa municipalité en exprimant son avis, s’impliquer dans des actions collectives et ne pas craindre le pouvoir que peut avoir un modeste « anonyme », être vigilant sur les modes de consommations que nous favorisons, même si les lobbies tentent de « criminaliser » certains appels à « modération ».

En espérant aussi que quelques propriétaires de terrains agricoles auront le même courage que ce récalcitrant de Lyon malgré le soudoiement de rachat à 10 fois le prix normal. Et aussi que les organismes responsables du bon usage et des répartitions des terres agricoles soient en accords avec leur ambitions.

Allez hop, au boulot, et puis il faut aller à la biocoop et chez la maraichère Françoise, entre autres...
Yvan

 Une exposition à voir pour réfléchir à d’autres usages du béton.

extrait de l’article : Le béton a changé la donne.

Depuis, on ne déconstruit plus, on éclate, on implose, on broie les immeubles sans savoir quoi faire de ces montagnes de gravats. Et pour reconstruire du neuf, on creuse, on mine, on exploite les ressources naturelles jusqu’à épuisement : en 2025, il n’y aura plus de minerai de zinc, plus de plomb vers 2030, et pas sûr qu’il reste du fer à l’orée des années 2080.
Une seule solution : le réemploi !
martèlent en substance dans cette exposition Nicolas Delon et Julien Choppin, les deux compères de l’agence d’architecture.

Télérama 15/10/2014

Sur les déchets qui inévitablement serviront à regarnir les cicatrices du Parc si ces carrières aboutissent, un article du canard enchainé du 15 octobre 2014.

 Les pratiques contre nature d’un roi de la dépollution

Il balance illégalement des montagnes de déchets. Mais son réseau politique est riche ...

Depuis des années, le groupe GDE, l’un des leaders français du traitement des déchets, régale cours d’eau et sous-sols de produits ultra polluants, alors qu’il est sensé travailler. .. à la préservation de l’environnement. Est-ce à cause de son riche réseau politique ?Il s’en est, jusque là, sorti sans trop salir sa réputation.

Le 16 septembre, le tribunal de Caen n a pu que constater la prescription des poursuites contre GDE pour abandon illégal de déchets .. : aucun magistrat n’avait, depuis trois
ans, effectué le moindre acte dans cette procédure. Une sacrée chance pour l’entreprise.
qui avait déposé dans au moins trois terrains vagues du Calvados plus de 150000 tonnes de résidus de broyage automobile, imprégnés d’hydrocarbures et de métaux lourds.
Dont 37 000 tonnes sur le site de Versainville, qu’elle a partiellement nettoyé depuis.
Deux jours plus tard, le tribunal d’Argentan s’est déclaré incompétent pour statuer sur le « risque réel et imminent " que représente l’exploitation de la décharge de Nonant-IePin.
Un trou de verdure au pays des haras équestres, où GDE voudrait entreposer, d’ici à 2031, plus de 2 millions de tonnes de restes de broyage automobile.

Avis de déchets

La bataille -juridique et politique- autour de cette poubelle géante dure depuis 2007.A l’époque, le ministère de l’industrie refuse l’installation de GDE, dénonçant « un risque de pollution très important », ce que confirme le préfet, en 2010.

Et ce dernier campe fermement sur ses positions lorsque, début 2011, le tribunal administratif estime l’installation inoffensive. Du coup, le dossier monte plus haut en mai, Alain Lambert, ex-ministre et président du conseil général se dit officiellement neutre dans ce dossier - , écrit en douce à la ministre de l’écologie,Nathalie Kosciusko-Morizet,pour la prier de tordre le bras au préfet.

Ce qu’elle fait aussitôt. L’attitude cachottière de Lambert s’explique-t-elle par l’activité de son entourage ? C’est ce que suggère un reportage diffusé le 24 septembre dans l’émission « Pièces à conviction » . (France 3). Alain Pelleray, son directeur de cabinet (jusqu’en 2011, est en effet actionnaire d’une entreprise de ferraille qui revend sa marchandise a ... GDE. Et à des tarifs supérieurs à la moyenne : environ 170 euros la tonne, alors que les prix des concurrents avoisinent les150 euros.
Interrogés sur cette « proximité », Lambert et Pelleray restent d’une discrétion de fer. L’exploitation de la déchargea commencé le 22 octobre2013, mais elle a cessé ...le 24, devant les barrages des riverains, soutenus par les riches propriétaires de haras.Des juges plus teigneux persécutent GDE pour une troisième broutille.
En février, le groupe et l’un de ses patrons ont é té mis en examen pour complicité d’escroquerie à la suite de constats fâcheux concernant le pesage des ordures.

Aux termes de contrats passés avec des collectivités, GDE leur facture - au poids l’enlèvement de déchets encombrants.

Ça « pèze » lourd

Or les enquêteurs ont découvert une impressionnante série de " bons de pesée trafiqués (le volume a été gonflé de 15 à 20 % sur le papier), au détriment des communes, donc des contribuables. Un salarié déclare même à France 3 que cette pratique a été systématique durant des années ! Et la chaîne a diffusé les images,filmées par une caméra de surveillance.de salariés du siège social de GDE, situé près de Caen, balançant à la benne des liasses entières de documents.Une perquisition surprise avait eu lieu la veille sur un autre site du groupe . ..

Excepté ces petits déboires,si GDE n’a pas jusqu’à présent affronté d’ennuis plus sérieux, c’est, affirme un concurrent, parce que le groupe pèse un millier d’emplois en France et sait rendre des services aux communes qui abritent ses sites de production. Il dispose donc du soutien de nombreux élus locaux. Mais aussi nationaux, grâce à l’embauche,en 2012, de Hugues Moutouh, préfet , avocat et ancien conseiller de Guéant et de Sarkozy.

Il y a quelques semaines, Moutouh est devenu l’un des patrons du club de foot (cher à Jean-Louis Borloo) de Valenciennes, dont GDE est le principal sponsor. Ministre de l’écologie de 2007 à 2010, Borloo doit donc, comme tant d’autres, voir dans cette boîte une amie de la nature.

Jean - François Julliard (canard enchainé du 15/10/2014)

Notes :

[1Notre Dame des Landes, barrage de Sivens, jonction C13-F13 devenue depuis RD154 , beaucoup ont plus de 40 ans d’existence

[2À quant un bâtiment avec une ossature béton et du remplissage des paroies en torchis ?

[3il peut y avoir autant d’ambitions de prestige que de volontés productivistes, le circuit de formule 1 à Flins, par exemple, était défendu autant par l’UMP, le PS que le PC et même certains EELV..

[4lire à ce sujet, le livre de François Flahaut

[5L’usine CALCIA de Gargenville était, en 2007, l’industrie la plus émettrice en CO2 de toute l’Ile-de-France (davantage que Roissy CdG et Renault Flins réunis)...Cf en page 26