Par Jean-Paul POURON
Produire des biocarburants à partir de vieux jeans n’est pas une utopie. Un chercheur de l’université d’Örebro estime qu’il y a même là un débouché tout à fait exploitable. Mohammad Taherzadeh, professeur de biotechnologie et son équipe, travaillent depuis quelques années sur le traitement de la lignocelluslose pour la production d’éthanol et de biogaz à partir de déchets cellulosiques et notamment à partir de vieux vêtements.
Obtenir de l’éthanol à partir d’un vêtement en coton ne pose pas grand problème. En revanche, en fabriquer avec des tissus à base de fibres synthétiques et de coton… restait coton ! C’est désormais possible. « Un bain de trois jours dans une solution chimique respectueuse de l’environnement suffit à séparer le polyester du coton, indique le professeur. Il est ensuite facile de transformer le résidu cotonneux en éthanol ou en biogaz, le polyester retournant lui à la production de
textile. »
Sachant qu’il se jette chaque année quelque 29 millions de tonnes de vieilles guenilles de par le monde, il y a de l’énergie renouvelable en perspective. « Une paire de jeans en coton génère après fermentation environ un demi-litre d’éthanol. Uniquement en Suède, il s’en vend quelque 15 millions par an ; de quoi faire rouler quelques véhicules », constate Mohammad Taherzadeh. En outre, la transformation de fripes en éthanol ou en biogaz nécessite moins d’énergie que pour les céréales, blé seigle, triticale, maïs et autres, riches en amidon. Par surcroît, le process engendre deux fois
plus d’éthanol !
Pourquoi ne pas recycler cette nouvelle « ancienne » matière première au lieu de l’incinérer, se demande le professeur ? « On pourrait imaginer dans un futur proche, des mesures incitatives pour la collecte de vêtements usagés, comme celle de verser une rétribution de quelques centimes d’euros pour des chemises ou des T-shirts, par exemple, voire un euro pour une paire de jeans ! Ce sera à la fois bon pour l’environnement, valorisant pour ce type d’énergie renouvelable et un juste retour sur investissement ! »
Mohammad Taherzadeh cherche à mettre au point un processus simple de séparation des matières organiques des déchets en vrac (collectivités, ménages, entreprises, agriculture, sylviculture, BTP, soins, etc.) ne pouvant être utilisés ou recyclés par d’autres procédés.