A qui appartient l’énergie de l’eau et du vent ?
Article mis en ligne le 31 décembre 2009
dernière modification le 4 octobre 2014

Par Sophie Tardy-Joubert (CFJ),
Si chacun peut installer un panneau solaire sur son toit, produire de l’électricité à grande échelle reste l’affaire de grands groupes. Un marché qui s’étend : selon le Grenelle de l’environnement, 23% de notre énergie devra être issu des énergies renouvelables en 2020. Tour d’horizon de la situation en France.

L’énergie bleue : l’hydroélectricité

JEAN-PIERRE CLATOT/AFP

Barrage et centrale hydraulique EDF de Grand Maison, la plus puissante de France.

C’est la plus ancienne et la plus développée des énergies renouvelables. A elle seule, l’énergie hydraulique fournit 12% des capacités électriques françaises et 95% de l’électricité renouvelable.

Qui la produit ?

On distingue la petite hydroélectricité de la grande. La France compte quelque 1700 centrales de « petite hydroélectricité ». Disséminées un peu partout sur le territoire, elles peuvent être la propriété de particuliers (moulin au fond du jardin), d’artisans ou encore d’entreprises plus importantes (les puissances installées vont de quelques kilowatts -kW- à plusieurs mégawatts -MW). Importantes par le nombre, elles produisent 10% de l’énergie hydroélectrique française, qui est revendue à EDF.

La « grande hydroélectricité », elle, déploie de plus gros moyens (écluses, barrages sur de fortes chutes d’eau). Elle est en très grande majorité produite par EDF, ainsi que par deux groupe régionaux : la CNR et la SHEM, qui règnent respectivement sur la vallée du Rhône et les cours d’eau du Midi.

Et demain ?

« On ne peut pas tellement étendre le parc, tous les sites sont installés », explique le Syndicat des énergies renouvelables. Peu de chances, donc, de voir se développer de grosses structures hydrauliques. En revanche, il reste un potentiel d’exploitation à la marge sur les petits cours d’eau.

Quels enjeux ?

Propre, peu coûteuse (c’est la moins chère des énergies renouvelables), sans gros impact sur le paysage, l’hydroélectricité n’aurait-elle que des avantages ? Pas sûr. Ses détracteurs l’accusent de saboter la biodiversité, car certains poissons se prendraient dans les turbines. « Faux ! » prétendent les représentants du secteur, qui disent n’avoir jamais trouvé de poissons morts à la sortie des turbines. Depuis 2006, un nouveau modèle de turbine laisse passer les poissons et les anguilles. Mettra-t-il tout le monde d’accord ?

L’énergie éolienne

Jean-Pierre Muller/AFP

Eéoliennes installées sur la commune de Xambes dans la région Poitou-Charentes.

Bien qu’étant le deuxième gisement éolien d’Europe, le parc français produit à peine plus d’1% de l’électricité du pays. Le Grenelle de l’environnement s’est fixé comme objectif de multiplier cette production par 10 d’ici 2020.

Qui produit l’énergie éolienne ?

400 éoliennes sont, en moyenne, mises en service chaque année. Ces parcs éoliens génèrent, chaque année, un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros. Les sociétés qui les exploitent sont françaises pour moitié. EDF Energies nouvelles, Poweo ou la Compagnie du Vent (rachetée par Suez en 2007) revendent à EDF l’énergie qu’elles produisent.

Qui construit les éoliennes ?

Les éoliennes visibles dans l’Hexagone ne sont pas construites en France. Les fournisseurs sont danois, allemands ou espagnols -trois pays plus en pointe que la France en matière d’éoliennes. Ces constructeurs font néanmoins appel à des sous-traitants français pour les mâts, les pâles, les génératrices.... Selon le Syndicat des énergies renouvelables, plus de 10 000 personnes travaillent en France pour l’industrie éolienne.

Le vent tropical, une exception française

La France est en revanche leader dans les zones cycloniques (Caraïbes, Pacifique, Océan indien et Afrique). Pour s’adapter aux spécificités de ces régions ventées, le groupe Vergnet a conçu un modèle d’éolienne capable de se coucher au sol en cas de cyclone. Ces machines produisent en moyenne deux fois moins d’énergie que celles installées en France, mais sont souvent indispensable à la production locale. Sans concurrent sérieux, Vergnet développe un chiffre d’affaires annuel de 40 millions d’euros.

Les propriétaires des terrains

Les agriculteurs qui louent leur champ pour accueillir des éoliennes touchent en moyenne 4000 euros par éolienne et par an (pour une éolienne moyenne d’une puissance de 2 MW).

Et demain ?

On recense aujourd’hui 2000 éoliennes en France. Compte tenu des progrès technologiques, il faudrait aujourd’hui implanter 6000 nouvelles machines- dont un millier offshore- pour atteindre l’objectif fixé par le Grenelle.

Cet article fait partie de notre enquête participative sur le thème « Dans quelles mains sera notre énergie demain ? » menée avec les étudiants du CFJ. Vous pouvez la suivre, et y participer, en commentant notre journal de bord.