F1 : et maintenant, Toyota...
Article mis en ligne le 4 novembre 2009
dernière modification le 4 octobre 2014

Le constructeur japonais vient d’annoncer qu’il se retire de la Formule 1. Un nouveau coup dur pour ce sport coûteux après le départ de Bridgestone...

Le showroom Toyota à Tokyo le 4 novembre

C’est plié : Toyota vient d’annoncer qu’il se retire de la Formule 1. Le constructeur automobile japonais Toyota a expliqué ce retrait immédiat par « des conditions économiques difficiles ». En proie à une forte baisse de ses ventes en raison de la récession planétaire, le premier constructeur mondial continue de compresser ses dépenses, après avoir réduit ses effectifs sous contrat temporaire et fait tourner ses usines au ralenti au plus fort de la crise.

Akio Toyoda, président du groupe, a assorti l’annonce de cette décision d’excuses publiques pour l’échec de l’écurie à remporter une seule course depuis son arrivée en F1 en 2002 malgré un budget estimé à 300 millions de dollars par an. « C’était une décision difficile mais en fin de compte inévitable », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse.

Abandons en chaîne

Toyota avait déjà annoncé en juillet qu’il renonçait à héberger le Grand Prix de F1 du Japon à partir de 2010 sur son circuit du Mont-Fuji (centre), également pour des raisons budgétaires. Le géant nippon vient en outre de mettre fin à sa collaboration avec l’écurie britannique de F1 Williams, à qui il fournissait des moteurs depuis 2007. Les deux équipes ont déclaré en octobre avoir pris cette décision d’un commun accord.

Ce retrait pour des raisons économiques intervient à rebours de la tendance du marché automobile, où une reprise semble s’amorcer après une année très difficile, marquée par la crise financière internationale. Il porte un nouveau coup rude à la Formule 1, deux jours après le départ du fournisseur officiel de pneumatiques Bridgestone, qui ne renouvellera pas son contrat expirant fin 2010. Il poursuit en outre la politique d’abandon des sports automobiles menée par les industriels japonais. Subaru et Suzuki ont quitté le championnat du monde des rallyes et Kawasaki n’aligne plus d’équipe dans la catégorie prestigieuse de MotoGP. Pour les mêmes motifs économiques invoqués par tous ces constructeurs, le circuit international Fuji de Tokyo a renoncé en juillet à organiser le Grand Prix du Japon de F1 en 2010 et après.

200 millions d’euros par an

Honda avait lancé le mouvement l’année dernière en se retirant du championnat de F1, où Toyota demeurait le dernier représentant japonais, après avoir reconnu qu’il avait envisagé un retrait. Mais l’écurie, qui a terminé cinquième du classement des constructeurs cette saison, n’avait pas encore engagé de pilotes pour la saison prochaine. Motoriste de Williams cette année, Toyota a en outre vu l’écurie britannique annoncer la fin de leur collaboration. Depuis son entrée en Formule Un en 2002, le premier constructeur automobile du monde n’a pas réussi à remporter la moindre course et ce, malgré un budget annuel estimé à 200 millions d’euros.

Le paddock ne compte plus que trois constructeurs automobiles : Ferrari, propriété de Fiat, Renault et Mercedes. Ce retrait ouvre la porte au retour de BMW-Sauber, inscrite comme équipe de réserve en vue de la prochaine saison et dont les nouveaux propriétaires suisses entendent prendre place sur la grille. Un imbroglio juridique pourrait néanmoins naître de cette décision, Toyota ayant signé l’accord Concorde entre la Fédération internationale de l’automobile et les écuries. Ce contrat l’engage dans la compétition jusqu’en 2012.

La décision serait fondée sur des motifs économiques, selon le journal Mainichi. Pourtant, rapporte un autre quotidien, le Yomiuri, le constructeur aurait révisé à la hausse son objectif de production sur l’exercice s’achevant en mars 2010, à 7 millions de véhicules contre 6,2 prévus en février. Lors d’un sommet automobile mardi, Toyota se disait plutôt optimiste pour le second semestre 2010 sur le marché ouest-européen (pour plus de détails. Toyota table sur une perte opérationnelle de 750 milliards de yens pour un chiffre d’affaires de 16.000 milliards de yens cette année. Il doit annoncer ses résultats du second trimestre jeudi. Sollicité pour réagir à ces informations, un porte-parole de Toyota a déclaré qu’il les vérifiait.

Par Olivier Levard