Nouveau coup dur pour la F1 avec le retrait de Bridgestone
Article mis en ligne le 2 novembre 2009
dernière modification le 4 octobre 2014

LEMONDE.FR avec AFP
L’annonce lundi du retrait de Bridgestone, fournisseur unique de pneumatiques des voitures de Formule 1, est le troisième forfait d’importance de l’année pour la discipline reine de l’automobile, après ceux annoncés de Honda (décembre 2008) et de BMW (juillet 2009).

« Bridgestone annonce qu’il ne signera pas de nouveau contrat de fourniture de pneus avec le championnat du monde de Formule 1 de la FIA [Fédération internationale de l’automobile, ndlr]. Le contrat actuel doit expirer à la fin de la saison 2010 », a indiqué le groupe dans un communiqué.
« L’environnement d’affaires est en train de subir de grands changements », a commenté le porte-parole de Bridgestone, Makoto Shiomi. « Nous devons concentrer nos ressources dans les domaines stratégiques et dans le renouveau technologique », a-t-il justifié. Il s’est refusé à spéculer sur qui deviendrait le prochain fournisseur officiel du championnat. « La décision, prise par le conseil d’administration après des évaluations longues et considérables, est basée sur le besoin de l’entreprise de rediriger ses ressources vers le développement intensif de technologies innovantes », a précisé Hiroshi Yasukawa, directeur de Bridgestone Motorsport. Le groupe japonais a remercié l’ensemble des acteurs de la F1 « pour leur enthousiasme et leur soutien à Bridgestone au cours des treize dernières années ».

L’IMPACT DE LA F1 EST TRÈS FORT

Bridgestone était entré dans la F1 en 1997 en devenant le fournisseur de cinq écuries. Il cherchait alors à accroître la visibilité de sa marque en Europe afin de contester la suprématie de Michelin. Depuis le retrait de ce dernier en 2007, après celui de l’Américain Goodyear à la fin de la saison 1998, il était le seul fournisseur du championnat de F1. « Pour nous, [la F1] est très, très importante. Avant, nous n’y étions pas. Maintenant, beaucoup de gens [nous] connaissent. L’impact de la F1 est très fort. Chaque Grand Prix est, je crois, diffusé dans cent quatre-vingt-huit pays. (...) C’est vaste. J’espère que nous pourrons continuer », avait déclaré M. Yasukawa début octobre au Grand Prix du Japon.

Dans le sport automobile, le rallye a aussi connu des défections avec l’annonce du retrait en fin de saison dernière des constructeurs japonais Subaru et Suzuki de la catégorie WRC. Toujours au Japon, le premier constructeur automobile mondial, Toyota, a déjà annoncé qu’il cesserait d’héberger le Grand Prix du Japon sur le circuit du mont Fuji à partir de la saison 2010.

« LE CONCEPT DE VOITURE N’EST PLUS CE QU’IL ÉTAIT »

La crise économique invoquée pourrait ne pas être la seule raison des retraits en série de la F1, et les industriels ont peut-être moins besoin de cette vitrine pour vendre à des consommateurs qui veulent aujourd’hui des voitures sûres et économes, et non plus des bolides. « Je ne pense pas qu’ils (Bridgestone) ont quitté les sports automobiles juste à cause des mauvaises conditions économiques », a ainsi commenté Tatsuya Mizuno, directeur du cabinet de consultants Mizuno Credit Advisory à Tokyo, interrogé par l’AFP.

« Le concept de voiture n’est plus ce qu’il était. Avant, une auto était jugée sur la vitesse, sa performance, son design et son style. C’était ce qui attirait les jeunes consommateurs, et gagner en Formule 1 était ce que les gens aimaient. Mais maintenant les gens veulent des voitures respectueuses de l’environnement, économes en carburant et sûres » a-t-il expliqué. « Faire de la Formule 1 suppose beaucoup de coûts. Cela devient trop cher par rapport aux besoins des entreprises », a-t-il conclu. En 2009, Bridgestone a fabriqué environ 40 000 pneus de Formule 1 pour le compte de dix écuries dans son usine de Kodaira, dans la banlieue de Tokyo.