Ils sont de moins en moins nombreux à croire aux dangers du réchauffement climatique. Alors que de nouvelles études... américaines viennent encore affirmer le contraire.
CHRISTIAN LOSSON
Une brume de pollution,au-dessus du trafic automobile, le 4 août 2009 à Pékin (© AFP Peter Parks)
Le scepticisme climatique grignote les Américains. Seuls 57% des Américains pensent qu’il existe des indices solides montrant que la température moyenne de la Terre est en augmentation depuis ces dernières décennies. Ils étaient 71% en avril 2008 et 77% en 2007. C’est le résultat d’un sondage du Pew center, think tank indépendant basé à Washington. Ils ne sont plus que 35% (contre 44% en 2008) à juger que le réchauffement climatique est un « problème important ». Et la même proportion (36%) assure que le changement climatique résulte des activités humaines…
Pourquoi un tel retour en arrière dans l’opinion publique, alors que la présidence américaine a rompu avec l’héritage révisionniste des années Bush ? Plusieurs pistes fourmillent déjà… Ici ou là.
D’abord, l’administration Obama, après avoir suscité des espoirs, est de plus en plus engluée dans un agenda national. Le discours très mou du locataire de la maison blanche, lors du sommet de l’ONU en septembre, en témoigne. Le congrès fait de la résistance face au plan climat américain, qui veut notamment instaurer un système de marché de droit d’émission (cap and trade).
Mais à l’arrivée, tout cela déprime les négociateurs internationaux, qui jugent les Américains très à la traîne par rapport aux objectifs des scientifiques du Giec. D’où la colère du pourtant très diplomate prix Nobel de la paix 2007, Rajendra Pachauri – une distinction qu’il a partagée avec l’ex vice-président américain Al Gore pour leur campagne de sensibilisation au changement climatique.
Dans le même temps, l’offensive des conservateurs bat son plein. Une foultitude de réseau et de cercles prochent de l’industrie multiplient les contre-feux. Le site Huffington Post s’amuse d’ailleurs à en épingler quelques-uns.
Jusqu’à un film (Climate chains) taillant en brèche la mobilisation pour le changement climatique. Illustration assez emblématique du poids de lobbies des multinationales, qui, par le passé, n’ont pas hésité à financer des études négationnistes sur le bouleversement climatique. La féroce bataille qui se joue à la chambre de commerce américaine, plus grande organisation mondiale de la planète, témoigne ainsi des résistances en cours.
A tel point que trois firmes du secteur de l’énergie (Pacific Gas & Electricity, PNM Resources et Exelon), ainsi que Nike et Apple (dont l’un des administrateurs est... Al Gore) ont claqué la porte de l’institution, dénonçant ce révisionnisme.
Et à tel point que que les Yes Men, altermondialistes gonflés, ont monté une conférence de presse bidon dont ils ont le secret. Ils se sont faits passer pour des représentants de la Chambre de commerce et « annoncé » un changement radical de la position de la Chambre concernant le réchauffement climatique.
Au même moment, vendredi, une étude publiée par des scientifiques de l’Utah, assure que le changement climatique est la plus grande menace sur la santé publique du XXIe siècle. Et dix-huit organisations scientifiques, dont l’une des plus prestigieuses, l’American association for the advancement of science, se sont fendues d’une lettre aux sénateurs américains. Il y confirment que le changement climatique est basé sur des « recherches scientifique rigoureuses qui démontrent que les gaz à effet de serre ont une origine avant tout humaine. »
Pendant ce temps, les négociations patinent. Le n°1 des négociations de Copenhague assure qu’un traité post-Kyoto sur le réchauffement climatique est loin d’être acquis. Et l’Europe, de son côté, qui se rêve en locomotive des négociations, vient piteusement de se diviser sur l’aide financière à apporter aux pays du sud.