Hammarby Sjöstad : le quartier écolo de demain
Article mis en ligne le 8 janvier 2010

NDLR : amusant de voir un article dans un journal qui d’ordinaire prône un tout autre discours économique et social...

Autopartage, combustion des déchets ménagers, récupération des eaux de pluie… dans la banlieue de Stockholm, un quartier illustre les dix grands commandements à respecter dans la conception de l’habitat de demain. Coup de projecteur sur ce projet novateur et performant.

le figaro, Aurelia Vertaldi

Hammarby Sjostäd, une ancienne zone portuaire située dans la banlieue de Stockholm, préfigure les quartiers durables de demain. Réhabilitée pour répondre aux pénuries de logements dans la capitale suédoise, cette zone sinistrée s’est lancée dans un projet phare qui « illustre les dix grands principes récurrents dans la conception des quartiers durables », résume Eric Charmes, commissaire de l’exposition « Villes rêvées, villes durables »*. Mixité sociale, autoproduction énergétique, maîtrise des déchets… autant de commandements que l’Etat, les collectivités locales et les citoyens se devront de respecter pour construire cet habitat durable qui espère passer 17.000 à 25.000 habitants d’ici à 2017.

 La voiture, tu partageras

Le développement de ce système, dans lequel une société, une agence publique, une coopérative, une association investit dans une flotte de véhicules louables à l’heure évite la pollution liée aux voitures individuelles. Ce système est déjà utilisé par 10% des familles.

 A pied, en vélo et en transports en commun, tu te déplaceras

L’une des mesures phares de ce quartier durable est le développement des transports en commun. Construit autour du lac Hammarby Sjö, un système performant de bateau-bus permet aux habitants de se déplacer facilement d’une rive à l’autre ou d’atteindre le coeur de Stockholm. La particularité d’Hammarby est aussi son tramway qui sillonne tout le quartier, assurant ainsi aux habitants des trajets très rapides et aisés vers le centre-ville. L’espace est aménagé de telle sorte que les riverains puissent également se déplacer à vélo ou à pied. A l’heure actuelle, dèjà 80% des rotations domicile-travail sont réalisés en vélo ou en transports en commun.

 La diversité des services et des activités, tu favoriseras

Pour limiter les transports, il faut également offrir aux habitants la possibilité de travailler près de chez eux. Ce principe a un nom : « la mixité fonctionnelle » qui consiste à mélanger vie résidentielle et activités économiques. Les déplacements à pied ou à vélo sont favorisés par la proximité des équipements scolaires, des commerces et des bâtiments administratifs.

 En concertation avec les autres, tu agiras

Un quartier durable se conçoit également avec les habitants et non uniquement avec des experts. Un certain nombre de réunions publiques sont donc organisées afin d’impliquer la population et les collectivités locales. Une vaste campagne de communication basée sur des questionnaires a obtenu 10 000 réponses et une trentaine de tables rondes ont été organisées pour impliquer le citoyen avant même la conception d’un quartier durable.

 La mixité sociale, tu assureras

Si l’enjeu environnemental s’avère le critère essentiel dans l’élaboration d’un quartier durable, il n’est pas le seul. En fait, plusieurs piliers en régissent l’élaboration : écologique, économique et social. L’objectif est d’assurer la paix sociale et de ne pas reproduire les schémas d’aménagements urbains des 40 dernières années, qui ont conduit, dans de trop nombreux cas, à des phénomènes de ghettoïsation des populations dans des barres HLM.

 L’énergie, tu économiseras et autoproduiras

La mesure phare est d’instaurer une faible consommation énergétique des bâtiments grâce à des panneaux solaires et des pompes à chaleur qui puisent l’énergie directement dans les sols, l’air ou l’eau des nappes phréatiques. L’objectif est d’atteindre 60 kWh/m2/an, soit le tiers des consommations en France.

 L’eau, tu économiseras et réutiliseras

Les solutions les plus exploitées sont la récupération de l’eau de pluie et des eaux usées. A une échelle plus réduite, l’utilisation systématisée de limitateurs de débit installés sur les robinets d’eau réduit ostensiblement sa consommation. L’objectif visé est une réduction de 50% de la consommation.

 Bio, tu consommeras

Le quartier d’Hammarby est doté d’un centre d’information sur l’environnement baptisé le GlashusEtt, qui indique aux habitants les produits à éviter ou à privilégier en fonction de leur impact écologique. Il préconise les commerces bio respectueux de l’environnement : cela va de l’alimentation aux produits ménagers jusqu’à l’utilisation de sacs en papier pour emporter les courses.

 Les déchets, tu recycleras et tu maîtriseras

C’est la réussite d’Hammarby : la combustion des déchets ménagers et la chaleur produite par le traitement des eaux usées permettent la production de 50% de l’énergie consommée dans les logements. Tout le quartier est doté de conteneurs enterrés pour les ordures ménagères et certains immeubles sont reliés à un réseau souterrain qui aspire et trie directement les déchets.L’objectif est de diminuer à terme la quantité de déchets de 40%.

 La biodiversité, tu respecteras

Il s’agit là d’aménager dans la ville des espaces, plus communément appelés « corridors biologiques », permettant la circulation et la survie de diverses espèces animales et végétales. Cela relève de l’écologie du paysage, qui vise au respect de la faune et de la flore.

* Exposition jusqu’au 7 mars à l’espace Fondation EDF à Paris, sous la responsabilité d’Eric Charmes et Taoufik Souami.