Nicolas Hulot durcit le ton.
Article mis en ligne le 7 octobre 2009

Dans direct Matin.

Avec la sortie en salles du « Syndrome du Titanic », Nicolas Hulot franchit une nouvelle étape de son engagement écologique. Une mue qui séduit et qui agace.

Il est loin le temps où Nicolas Hulot se
contentait de contempler la planète du
haut de sa montgolfière. Depuis le coup
de force de son Pacte écologique, imposé à
la classe politique française en pleine campagne
présidentielle, l’animateur de TF1
est redescendu sur terre et s’est fait animateur
de débats. Hier le Grenelle de l’environnement,
aujourd’hui la taxe carbone,
demain le sommet de Copenhague… hier
poil à gratter, Hulot démange de plus en
plus. Le Syndrome du Titanic, film coréalisé
avec le documentariste Jean-Albert Lièvre,
qui sort aujourd’hui
en salles,
en est une
illustration.

Fini le gendre écolo idéal
« Ce n’est pas un film écologique », insistet-
il, mais l’analyse d’une « combinaison de
crises : écologique, mais également économique,
sociale et culturelle ». En clair, c’est
un film politique, un manifeste qui marque
une étape dans le parcours
sinueux du gendre
idéal de l’écologie.A
54 ans, ce timide ultramédiatique
était jusqu’à
il y a peu l’incarnation
de l’écologiste consensuel.

Converti sur le tard à la lutte contre les émissions de CO2,
l’homme donnait l’exemple sans bousculer
les gros pollueurs, taclant ses détracteurs.
Avec ce film, tout bascule. « Le modèle économique
dominant n’est plus la solution,
mais bien le problème », tranche-t-il. Inégalités
sociales, matérialisme et société de
consommation y sont dénoncés au nom
d’une autre « ambition du projet humain ».
« Remettre en cause le modèle capitaliste
comme il le fait, ce n’était pas sa culture de
départ. Depuis, il a intégré des éléments
plus complexes, comme le nucléaire ou les
OGM », constate l’eurodéputé et ancien
Greenpeace Yannick Jadot, qui salue l’évolution
de ce « formidable médiateur ».

Même
les membres de Sortir du Nucléaire, qui lui
ont toujours reproché ses ambiguïtés sur
l’atome, reconnaissent le « virage ». « C’est
Besancehulot ! », s’amuse le porte-parole
Stéphane L’homme, lui prédisant des jours
difficiles : « la question qui se pose maintenant,
c’est de quelle manière il va être écrabouillé
par ceux que son discours dérange. »

L’électron libre de l’écologie

Entre les signataires du pacte anti-Hulot, qui
jugent qu’il empiète sur leur espace médiatique,
et ceux qui jalousent son influence,
l’homme ne manque pas
d’ennemis. Estampillé
« gourou de l’écologie »,
traité d’« imbécile » par
Claude Allègre, ancien
ministre de l’Education,
accusé de « verdir » l’argent
des entreprises qui
financent sa fondation, il reste un électron
libre, ne cédant ni aux sirènes du renoncement
ni à la tentation du pouvoir.Rétif aux étiquettes,
il reste persuadé qu’il est plus utile
à la tête de sa Fondation qu’au gouvernement.
Une manière de préserver sa liberté
de parole et d’action, y compris vis-à-vis de
ses généreux mécènes (EDF, TF1…).
Les Français, eux, ne voient pas les choses
sous le même angle. 35 % d’entre eux le
désignaient comme leur candidat écologiste
préféré pour la présidentielle de 2012
dans un récent sondage TNS Sofres, loin
devant Daniel Cohn-Bendit. Pour Yannick
Jadot, Hulot « ferait un bon candidat s’il en
était lui-même convaincu. Mais en politique,
il faut accepter les conflits, le rapport
de force.

Or, son obsession, c’est de trouver
des consensus ». Sans doute une des
clés de sa popularité.