Réponse de Mr. François Delapierre au Collectif Flins Sans F1
Article mis en ligne le 5 octobre 2009
dernière modification le 8 octobre 2009

Mesdames, Messieurs,

Vous rappelez à juste titre que le projet de circuit F1 porté par le Conseil général des Yvelines suscite de nombreuses critiques. Or ses promoteurs, qui ne manquent pourtant pas de moyens de s’exprimer, se sont montrés incapable de répondre de manière satisfaisante aux questions qui leur ont été posées sur les conséquences environnementales, sur les effets réels en termes d’emplois, sur les enjeux de la recherche en faveur de véhicules non polluants.

Ce projet n’est pas approprié et je m’y opposerai donc.

L’environnement ?

Les belles promesses du Grenelle s’effacent systématiquement devant les intérêts des grands groupes. Nous l’avons vécu très concrètement avec le projet de prolongement de l’A104 qui prévoit de traverser plusieurs villes, dont certaines dans notre circonscription. La direction de Peugeot a exigé que l’autoroute passe au pied de son usine. Elle en a besoin pour y amener les 1500 rotations de camion par jour que suscite une organisation du travail en « flux tendu » qui s’avère aussi destructrice pour l’environnement qu’elle l’est pour les conditions de travail des ouvriers.

Dès que les actionnaires ont parlé, les exigences sanitaires et environnementales ont été piétinées. L’intérêt général a été trahi au profit de l’intérêt particulier des plus puissants. Il faut donc faire preuve d’une très grande vigilance démocratique face à ces projets où de puissants intérêts capitalistes sont en jeu si l’on veut que l’intérêt général soit pris en compte.

Or à l’évidence le projet de circuit F1 a été lancé dans la plus grande opacité. Il faut exiger un vrai débat démocratique à son sujet.

L’emploi ?

Face à l’actuelle explosion du chômage il faut des politiques volontaires de créations d’emplois. Mais je dénonce l’hypocrisie de ceux qui prétendent se battre pour l’emploi avec le circuit de F1 alors qu’ils laissent les fonds de pension américains détruire notre outil industriel comme à Molex. Je dénonce l’hypocrisie de ceux qui veulent offrir des infrastructures payées par l’impôt à Renault et Peugeot mais qui ne font rien pour empêcher que ces groupes réalisent plus de 70% de leur production à l’étranger. Si l’on veut efficacement défendre l’emploi dans l’automobile il faut refuser le dumping social à l’échelle européenne, le libre échange qui encourage les délocalisations, la domination de la finance sur l’industrie qui tue la recherche à long terme.

Pour moi l’emploi et l’environnement ne sont pas inconciliables. Cela implique de rompre avec les logiques capitalistes et productivistes qui considèrent l’homme et son écosystème comme de simples ressources pour la réalisation du profit.

Bien à vous,
François Delapierre