Le temps du pétrole abondant et bon marché sera très bientôt derrière nous. C’est le cri d’alarme du docteur Fatih Birol, chef économiste à l’Agence internationale de l’énergie, organisme basé à Paris. Dans un entretien accordé au journaliste Steve Connor du quotidien britannique The Independent, le spécialiste chargé de mesurer les possibilités d’approvisionnement des pays de l’OCDE donne une évaluation très pessimiste des réserves de pétrole à l’échelle de la planète.
Selon lui la production mondiale devrait atteindre son niveau maximum dans une dizaine d’années, c’est-à-dire au moins dix ans plus tôt que prévu par la plupart des estimations des pays de l’OCDE. Pis, les trois quarts des sites pétroliers auraient déjà atteint cette capacité maximale et seraient sur le déclin, un déclin lui aussi plus rapide que prévu. Aggravé par un sous-investissement chronique des pays producteurs dans leurs infrastructures, la pénurie de pétrole pourrait « compromettre tout espoir de reprise après la crise économique actuelle », a déclaré le Dr Birol au journal. Il ajoute que cet « oil crunch » devrait se traduire par une augmentation durable du prix du baril car la demande continue à augmenter et devrait même dépasser l’offre disponible dès l’année 2010.
Jeremy Legget, un entrepreneur spécialiste des questions environnementales également cité par The Independent, craint quant à lui que la pénurie n’incite les compagnies pétrolières et les gouvernements à se tourner vers des alternatives polluantes, comme les sables bitumineux du Canada. Leur exploitation induit une très forte production de dioxyde de carbone et aggraverait le changement climatique. La recherche d’énergies renouvelables et propres apparaît selon lui comme une priorité, à la fois pour des raisons écologiques mais aussi pour pallier le tarissement des énergies fossiles à plus ou moins long terme.
The Independent rappelle néanmoins que les estimations sur les réserves pétrolières varient considérablement d’un expert à un autre. Contrairement aux prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, le gouvernement britannique – ainsi que beaucoup d’autres – n’envisage pas de déclin des réserves avant 2030.
L’article de Steve Connor sur le site de The Independent
Le site de l’Agence internationale de l’énergie