Formule 1 : les écuries et la FIA entrent en guerre juridique
Joris FIORITI - AFP 19 juin 2009
Article mis en ligne le 23 juin 2009
dernière modification le 20 juin 2009

Après l’annonce jeudi de la création d’un championnat parallèle par les écuries (Fota), la Fédération internationale de l’automobile (FIA) a répondu à la Fota en décidant de poursuites judiciaires contre ses membres, vendredi à Silverstone.

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Après l’annonce jeudi de la création d’un championnat parallèle par les écuries (Fota), la Fédération internationale de l’automobile (FIA) a répondu à la Fota en décidant de poursuites judiciaires contre ses membres, vendredi à Silverstone.

« Les actions de la Fota dans son ensemble, et de Ferrari en particulier, s’apparentent à des violations sérieuses de la loi du fait d’interférences intentionnelles dans des relations contractuelles, des manquements par Ferrari à ses obligations », a estimé la FIA dans un communiqué.

Et la Fédération d’avertir, nullement démobilisée, qu’elle « va lancer des poursuites judiciaires sans délai ».

Après des semaines de phrases assassines et de menaces non voilées, les deux camps solderont donc sans doute leur conflit devant un tribunal. Le peu de crédibilité qui restait à la Formule 1 n’est plus.

Ferrari, première désignée, a rapidement fait savoir qu’elle ne « souhaitait pas faire de commentaire ».

Mais la Scuderia a tenu à « préciser qu’elle (avait) sollicité le 15 juin un arbitrage contre la FIA pour protéger ses droits contractuels dans ses rapports avec cette même FIA, ce qui inclut ceux relatifs au respect des procédures d’adoption des règlements et des droits de veto. »

Après un premier procès, infructueux, devant un tribunal français, Ferrari retente sa chance devant une chambre civile à Lausanne (Suisse). La guerre juridique est déclarée.

Avant cela, jeudi soir, la Fota avait déjà placé la barre très haut en annonçant n’avoir « pas d’autre alternative que de commencer à préparer un nouveau Championnat qui reflètera les valeurs de ses participants et de ses partenaires. »

« Les principaux pilotes, stars, marques, sponsors, promoteurs et les compagnies historiquement associées avec le plus haut niveau de sport automobile feront également partie de cette nouvelle série », avaient poursuivi les écuries.

Non contentes de quitter la Formule 1, Brawn GP, Toyota, BMW Sauber, Toro Rosso, Red Bull, Renault, McLaren-Mercedes et surtout Ferrari, l’écurie doyenne, figure de proue de la F1, affirmaient qu’elles s’en iraient avec la caisse. Une telle déclaration de guerre ne pouvait rester impunie par la FIA.

Le litige pourrait, bien sûr, ne pas se terminer devant les tribunaux. Mais il faudrait que les deux camps se mettent enfin d’accord, ce qui semble improbable.

Fota et FIA s’opposent sur le règlement 2010, qui instaure un budget plafonné à 45 millions d’euros (salaires des pilotes et dépenses marketing exclus) pour les écuries le souhaitant, qui en échange bénéficient d’indéniables avantages techniques.

Les écuries peuvent choisir de ne pas s’y conformer. Mais elles doivent alors obéir à des règles techniques très pénalisantes, ce que refuse la Fota. Ferrari, au budget de 400 à 500 millions d’euros, ne peut dans tous les cas réduire ses coûts par dix, selon ses avocats.

Les équipes veulent en outre renégocier l’accord commercial (Concorde) les liant à la FOM (Formula One Management), que gère Bernie Ecclestone. Faute d’accord sur ces deux points, les grandes offensives ont été décidées.

Le président de la FIA, Max Mosley, se veut malgré tout optimiste. Les écuries « ne peuvent pas avoir le soutien (financier) pour lancer un nouvelle catégorie » et « ne peuvent pas se permettre de ne pas courir en F1 », a-t-il tranché, persuadé qu’elles « reviendront finalement ».

« Nous devons laisser la porte ouverte », a-t-il déclaré à la chaîne BBC sports. Un tel espoir fait plaisir à voir.