Bédier : une carrière de fonceur menée tambour battant, mais semée d’embûches

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Article mis en ligne le 22 mai 2009
dernière modification le 20 mai 2009

Pierre Bédier, ex-secrétaire d’Etat UMP, à la tête des Yvelines depuis septembre 2005, voit, après la confirmation de sa condamnation mercredi, s’interrompre une carrière politique menée tambour battant, avec son tempérament de fonceur, mais aussi semée d’embûches.
AFP - le 20 mai 2009, 15h26

La cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par M. Bédier, rendant définitive sa condamnation à 18 mois de prison avec sursis et six ans d’inéligibilité pour corruption passive et recel d’abus de biens sociaux.

Il perd donc ses mandats de conseiller général et de président du Conseil général des Yvelines.

La carrière de ce chef d’entreprise de 51 ans (Essec et Sciences po), avait démarré en 1992 avec son élection au conseil régional d’Ile-de-France, après un galop d’essai de conseiller municipal à Poissy (Yvelines).

Dix ans plus tard, il entre au gouvernement Raffarin, en charge des prisons. Un « homme de terrain dynamique », s’était félicité Dominique Perben, garde des Sceaux.

Originaire du Sud-Ouest, cultivant accent et faconde -il est né le 30 septembre 1957 à Mont-de-Marsan, dans les Landes- ce père de quatre enfants a suivi un parcours à son image d’amateur de rugby et de corridas : fonceur et déterminé.

Au début des années 90, il quitte Poissy pour s’installer à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, qui deviendra « son » département.

Objectif : ravir la circonscription à la gauche. Il réussit en 1993.

Mais en septembre 1994, alors qu’il vient d’être élu conseiller général, pris d’un malaise, il sombre dans un coma dont il ne sortira que quelques semaines plus tard. Hospitalisé à Poissy, il reçoit la visite discrète de Jacques Chirac.

A peine remis, il repart en campagne pour les municipales de 1995 et enlève aux socialistes la mairie de Mantes-la-Jolie après y avoir ressuscité une droite moribonde. Il en reste le premier magistrat jusqu’à sa nomination au gouvernement.

Rien ne semble plus pouvoir arrêter Pierre Bédier, bulldozer de la politique locale, fidèle de Chirac et proche d’Alain Juppé.

Deux ans plus tard, c’est la dissolution de l’Assemblée. Pierre Bédier est confiant. Mais un nouvel obstacle surgit : le président du Front national présente face à lui sa fille Marie-Caroline Le Pen.

C’est finalement la socialiste Annette Peulvast-Bergeal qui sera élue. Pierre Bédier perd son siège, mais ne jette pas l’éponge : il lui reste, outre son mandat de maire, celui de conseiller régional, la présidence de l’OPIEVOY, un office départemental d’HLM.

C’est à ce dernier titre qu’il sera mis en examen en décembre 2000 dans une affaire de favoristisme, avant d’obtenir un non-lieu en mai 2002.

Il récupère son siège de député. Nommé secrétaire d’Etat aux programmes immobiliers de la justice en juin 2002, il démissionne du gouvernement le 21 janvier 2004, après avoir été mis en examen dans le cadre d’une enquête sur des marchés publics présumés douteux dans les Yvelines.

Réélu député en décembre 2004, il a été élu président du conseil général des Yvelines en septembre 2005, succédant à Franck Borotra.

En octobre 2008, il est chargé d’une mission temporaire auprès du ministre de l’Immigration. La prolongation de cette mission en avril lui permet de céder son siège de député à sa supléante sans passer par l’élection.

En tant que président départemental de l’UMP, Pierre Bédier a fait du projet de circuit de F1 dans les Yvelines son dernier cheval de bataille. Projet qui crée la polémique au sein même du gouverement.