En quittant ce monde, un enfant qui naît aujourd’hui aura vu disparaître plusieurs centaines d’espèces animales. C’est ce que révèle une étude publiée par Science Advances qui s’appuie sur les observations documentées d’extinctions d’espèces des cinq derniers siècles.

Principal enseignement de l’étude : les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900. Et leur rythme a même accéléré au cours des dernières décennies du fait de l’activité humaine. “La vitesse à laquelle les espèces disparaissent est sans précédent dans l’histoire humaine et hautement inhabituelle dans l’histoire de la planète”, souligne le directeur des recherches, Gerardo Ceballos, de l’université nationale autonome de Mexico

L’équipe s’est concentrée sur les vertébrés et a déterminé que depuis le 16eme siècle, 338 espèces ont définitivement disparu et que 280 autres n’existent plus qu’en captivité. Au total se sont donc, en l’espace de cinq siècles, près de 620 espèces de vertébrés qui ont disparu de leur milieu naturel. La plus grande partie d’entre eux, lors du siècle dernier.

Déclin extrêmement rapide

“Notre travail indique que nous sommes entrés sans l’ombre d’un doute dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces animales”, explique Gerardo Ceballos. “Nos estimations révèlent un déclin extrêmement rapide de la biodiversité (…), l’un des enjeux environnementaux les plus critiques de nos jours”. Les facteurs qui l’expliquent : la destruction de l’habitat naturel, la surexploitation des ressources et des espèces, la pollution et le changement climatique, conclut l’étude qui prévient que “la fenêtre d’opportunités pour remédier aux conséquences se ferme rapidement”. 

Trois petites générations

Ce n’est pas la première fois que la Terre est le théâtre d’une grande extinction d’espèces. Il y a 65 millions d’années disparaissaient les dinosaures et avec eux, environ 75% des espèces animales. Avant cela, quatre autres extinctions massives avaient eu lieu, toutes dues à des phénomènes naturels. Aujourd’hui, c’est l’une des espèces – la nôtre – qui, selon l’étude, provoque la disparition des autres. Et qui sait, à terme, la sienne.

“Si nous laissons s’éteindre des espèces au rythme actuel, les humains seront bientôt privés (en l’espace de trois petites générations) des bénéfices de la biodiversité”, préviennent les chercheurs qui précisent qu’il faut des centaines de millions d’années pour que la nature se diversifie à nouveau.