Les transports en commun pèsent fortement sur le moral des salariés
Article mis en ligne le 26 février 2010
dernière modification le 4 octobre 2014

Les déplacements en transports en commun en région parisienne, générant inconfort et incertitude, ont un impact important sur la santé physique et mentale des salariés et peuvent menacer la paix sociale des entreprises, selon une étude effectuée par le cabinet spécialisé Technologia.

Une psychologue du travail, un ergonome et un sociologue ont interrogé quelque 150 représentants de personnels (RP), directeurs et directrices de relations humaines (RH) pour ce travail illustré de témoignages, dont rend compte le Parisien dans son édition de lundi, alors que le sujet des transports devient l’un des enjeux de la campagne des régionales en Ile-de-France. « Le temps passé dans les transports, en rendant les salariés moins énergiques et moins disponibles, en les exposant à l’opprobre des managers contrôlant leur ponctualité et en modifiant leur rapport au travail, est un catalyseur multifactoriel des risques psychosociaux (stress, dépression) », résument les auteurs de l’étude.

Des responsables démunis

L’étude pointe la tendance à l’allongement des déplacements domicile-travail en Ile-de-France. Le choix pour ce cabinet spécialisé dans l’évaluation et la prévention des risques professionnels de s’attacher à un problème « qui reste bien souvent aux portes de l’entreprise (...) s’explique justement par la nécessité de mettre en avant des difficultés qui souvent passent au second plan alors qu’elles sont pleinement liées au travail », expliquent les auteurs. Ceux-ci notent « des savoirs différenciés » chez leurs interlocuteurs quant à la perception des déplacements : ainsi 64 % des RP sont « tout à fait d’accord » pour voir les transports en commun comme source de fatigue, contre 28 % des RH. Multiplication des correspondances, temps de voyages longs (perçus comme allant du simple au double chez les utilisateurs du RER A interrogés), inconfort lié à l’entassement concourent à fatiguer et stresser les salariés, souligne l’étude qui dénonce notamment le « coût psychologique » sur la santé lié à « l’incertitude » (correspondances, pannes, retards...).

Les retards au travail, traités de façon différente d’une entreprise à l’autre, entraînent chez les salariés la mise en place de « stratégies compensatoires » pour les rattraper et pouvoir s’adapter au rythme des transports en commun (réduire les pauses, travailler plus longtemps). Pour les entreprises elles-mêmes, « l’aléa des transports en commun favorise les retards et les perturbations du travail à effectuer, et de façon indirecte, peut menacer la paix sociale quand une certaine souplesse horaire est accordée aux salariés exposés aux plus difficiles conditions de transport », explique Technologia. Le recours à cette souplesse ou à des « recrutements de proximité » laissent toutefois les responsables interrogés « relativement démunis face à une tendance de fond : un accroissement de l’offre de transport plus lent que celui des nouvelles implantations ou des délocalisations au sein de la région » francilienne qui concentre une très large part de l’activité économique française.