Le Sénat relance l’idée du péage urbain
Article mis en ligne le 25 janvier 2010
dernière modification le 4 octobre 2014

NDLR : chercher des sources de financement mais revoir aussi les fonctionnements de base, transport en commun distance domicile-travail...

Destiné à désengorger les grosses agglomération, le péage urbain, déjà adopté dans plusieurs pays européens pourrait bien arriver en France.
Evoqué depuis longtemps mais toujours éludé, il consiste à faire payer aux voitures l’accès au centre des villes. Reste à voir quelle ville aura envie de tenter l’expérience. Pour être au moins mis à l’essai, le péage urbain attendait un coup de pouce législatif.
On l’attendait dans le projet de loi « Grenelle II », portant sur les suites du Grenelle de l’environnement. Il apparaît finalement à la faveur d’un amendement présenté par Louis Nègre (UMP), sénateur des Alpes-Maritimes, et adopté par la Haute Assemblée. L’Assemblée nationale doit encore reprendre cet amendement, auquel le gouvernement s’est déjà montré favorable. Un test sur trois ans dans une dizaine de villes de plus de 300 000 habitants Concrètement, une dizaine d’agglomérations de plus de 300.000 habitants, dont Paris, Lyon, Marseille, Nice et Toulouse, pourront s’essayer au péage urbain pendant trois ans, à condition de proposer des transports en commun dignes de ce nom. Le produit du péage acquitté par les automobilistes ira à l’amélioration des transports publics. Le principe ? Frapper les automobilistes au portefeuille en vue de réduire de 15 à 20 % leur circulation dans le centre des villes, asphyxié par leurs gaz d’échappement et saoulé du bruit des moteurs et klaxons. « C’est une mesure de bon sens pour réguler la circulation et assurer le bon fonctionnement de la cité », souligne Louis Nègre. « C’est aussi une mesure très importante pour lutter contre la pollution, et en particulièrement la pollution urbaine, locale, oxyde d’azote, ozone et particules fines, sur lesquels on est chez nous d’une discrétion exemplaire ». Stockholm et Londres l’ont adopté Exemple le plus souvent cité, Stockholm l’a testé et fait approuver par les électeurs en 2006, puis pérennisé l’année suivante. L’automobiliste doit payer entre 1 et 2 euros pour pénétrer dans le centre de la capitale suédoise, ou en sortir, entre 6h30 et et 18h20 en semaine, avec un plafond de 5 euros par jour en cas d’allers et retours. Résultat : la circulation a diminué de 18% par rapport à 2005, un chiffre qui s’est stabilisé. Et l’air est plus pur. « Les gens ont changé leurs habitudes, quasiment du jour au lendemain », constate Gunnar Johansson, qui suit l’expérience suédoise pour IBM, le groupe qui a installé les capteurs du péage urbain (et de ce fait compte les voitures). La moitié des « automobilistes disparus » utilisent maintenant les transports en commun, l’autre moitié se débrouillant autrement (changements d’itinéraires, voyages groupés, voire télétravail...). « La grande leçon, c’est que les gens utilisent mieux les systèmes de transport ». A Londres, autre ville qui a fait le choix du péage urbain, la facture est plus salée. Pénétrer dans le centre y coûte une somme forfaitaire de 8,70 euros par jour, de 7 à 18 heures en semaine, les résidents bénéficiant d’une remise de 90%. Là aussi, la circulation a baissé d’environ 20%. Mais le modèle londonien a trouvé ses limites, l’extension à l’ouest de la zone payante en 2007 ayant été remise en question par un changement de municipalité quelques mois plus tard. Reste à voir qui en France aura le courage politique de se lancer dans l’aventure. Les élus locaux sont prudents. D’autant que le péage urbain ne devrait pas rapporter des fortunes, compte tenu de l’importance des frais de fonctionnement. « On n’est pas là pour faire du fric », souligne Louis Nègre. « C’est un outil supplémentaire que l’on met dans la boîte à outils du Grenelle de l’environnement ».
Leparisien.fr avec A

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