Le syndrome du médiatique
Article mis en ligne le 28 novembre 2009
dernière modification le 6 décembre 2021

L’environnement est-il un business médiatique comme un autre ?

En ces temps où on ne parle plus de la culture mais des mœurs de leurs représentants, où l’on personnalise à outrance, il est intéressant de s’interroger sur les effets de ce penchant sur la vulgarisation d’un concept environnemental.

Dans la lutte contre un projet comme celui du circuit de formule 1 à Flins-Les Mureaux, on finit par se poser des questions de fond sur le rapport des médias à la population.

On peut observer 2 méthodes de communication : l’une consiste à chercher l’attention des caméras et des journalistes au travers de représentants charismatiques, l’autre est une sensibilisation et une information de la population par une approche directe. Les 2 approches devraient être complémentaires mais tout comme en politique [1], on constate une professionnalisation et une personnalisation des structures.

Les médias retranscrivent les faits et gestes de quelques personnes, prétextant satisfaire la demande de l’auditeur, spectateur, lecteur. Ils délaissent ainsi leur vocation première d’investigation et d’information.
La finalité de ce raisonnement ne risque-t-elle pas d’être un appauvrissement des contenus au profit d’une immédiateté affective.
Les reportages laissant place aux « débats d’experts », on attend du spectateur qu’il adhère aux propos d’un des protagonistes ou qu’il « réagisse », en aucun cas qu’il se fasse sa propre opinion ni ne prenne d’initiatives.

Émerge une « conscience » environnementale à grand renfort de superproductions internationales, projections commanditées par les préfets [2]...
Heureuses, les structures qui peuvent se permettre ce genre de communication, néanmoins, quelle est la place réelle de l’adhérent, qui cotise à ces belles actions, à part celle d’être flatté dans sa bonne conscience caritative. Il recevra sa lettre d’information en tant que « partenaire », son statut médiatique trop modeste l’empêchant de faire aussi « bien » que le « Leader » de l’organisme qu’il soutient financièrement.

Ce star système environnemental a peut-être un effet pervers quant à la mobilisation des citoyens et la réelle démocratisation d’un concept. Se sentant pris en charge et non reconnus dans leur quotidien, les « citoyens-spectateurs » font le minimum pour ne satisfaire qu’une image. D’autant que le discours est la plupart du temps culpabilisant, moralisant. Pourquoi ne pointe-t’on pas également l’attention sur des actions constructives ?

Le mot écologiste ou plus couramment ecolo est un mélange de valeurs positives et de préjugés. En allemand, on dit Umveltfreundlich, littéralement : en accord avec sa propre perception du monde...

La réalité d’un changement environnemental est autre et si pour revoir un petit point de notre vie quotidienne il faut déployer une telle énergie et de tels moyens, il est à douter de la faisabilité de progrès dans un délai acceptable par notre environnement.

A quand un film ou des informations sur des choses qui fonctionnent, un agriculteur bio qui se régale, des gens qui ne font pas le tour du monde en vacances et qui aiment ça, des Scop [3] qui fructifient, des connexions entre le social et l’environnement réussies [4] des habitats peu gourmands et économiques à réaliser, de l’agriculture biologique pour protéger les zones de captage d’eau... Plutôt que d’y faire un circuit de formule 1 dessus... ?

Yvan