Alerte : le monde d’après sera terrifiant.
Article mis en ligne le 10 avril 2020
dernière modification le 11 avril 2020

Article du blog-mediapart
Tout le monde en parle, à commencer par le président lui-même : le monde d’après sera bien différent en effet. Quand d’aucuns y auraient vu un espoir de changer enfin le cours des choses, aller vers un monde plus médical, plus orienté sur l’humain, sortir enfin de ces aberrations de croissance à tout prix sur une Terre aux ressources limitées… Il n’en sera rien.

Ce qui se dessine ressemble de plus en plus au roman 1984 de Georges Orwell. Si les solutions, on les connait depuis plus de trente ans, il leur faut encore un Grenelle, appelé de ses vœux en ces termes par Yannick Jadot, pour réfléchir. Mais réfléchir à quoi ?

 Ce qu’on doit faire

C’est pourtant clair : on ne veut plus que notre sécurité soit mise en jeu par des logiques de contrôleurs de gestion au sommet de l’état. On ne veut plus que des économies soient faites sur le dos de notre système de santé. On ne veut plus être sacrifié, ou que l’on puisse se dire que nos vies valent bien ce risque.

On a de grands plans à mettre en œuvre. Changer totalement la logique d’urbanisation de ces trente dernières années, arrêter de nous concentrer tous dans les grandes villes qui deviennent invivables, qui fait flamber le prix de l’immobilier, et des loyers, quand en campagne, on ferme écoles, postes, et hôpitaux.

On sait ce qu’il faut faire. Reprendre l’argent et l’empêcher de fuir le fisc. Comment peut-on justifier de payer chaque année plus d’impôts directs et indirects, quand de l’autre côté, nos services se dégradent au point de devoir nous confiner pendant un mois en perdant des milliers de nos compatriotes au passage ? Où va notre fric ?

Il va au Panama, dans les paradis fiscaux, dans les montages financiers… Il part partout sauf là où on en a besoin : dans notre service public, dans notre bien-être, dans notre solidarité, dans notre souveraineté.

Dans des masques, dans des tests, dans du gel hydro-alcoolique, par exemple. Mais pas seulement.

On sait tous ce qu’il faut faire : faire payer ceux qui se voyaient en sauveurs de Notre-Dame et qui n’ont jamais été aussi silencieux depuis le début de la crise du coronavirus. Et ça commence à se voir : Bruno Le Maire ne sait plus comment les supplier de verser des dividendes, ou des dons, sans trop les forcer. S’il vous plait, à votre bon cœur.

On se demande comment autant de cynisme peut être encore toléré dans notre pays sans qu’ils n’aient peur.

En parlant de cynisme, on voit que ça commence à ne plus passer du tout. Didier Lallement fait porter le chapeau aux victimes de ne pas s’être confinés assez tôt ? Débandade, le voilà qui doit s’excuser en direct live face cam. La honte. Et ce journaliste de BFMTV qui, pris d’une fièvre comique incontrôlable, s’est mis à comparer les victimes chinoises à des Pokemon qu’on enterre, cynisme ultime, racisme basique. Là aussi, plates excuses. Ça ne passe plus. On les a mal habitués depuis des mois. Ils se sont crus tout puissants. Las… Le peuple ne le supporte plus.

On parle de vies humaines, d’hôpitaux saturés, de patients qui partent en Allemagne, en Autriche, en République tchèque… Rendez-vous compte, on sous-traite la crise !

Au moment où toute l’Europe ferme ses frontières, au risque de créer des pénuries de produits de première nécessité, ses membres nous ressortent la préférence nationale. Alors oui ils livrent quelques masques et donnent quelques subventions par-ci, par-là. Ok, ils prennent un ou deux patients quand ils le peuvent. Ça fait bonne figure, on communique dessus. La réalité, c’est qu’on risque de manquer de produits essentiels, y compris dans nos hôpitaux, uniquement parce que l’Europe est infoutue de dispatcher ses ressources.

Alors oui, il faut renationaliser. Oui, il faut retrouver notre souveraineté en termes de production, mais aussi en termes de prise de décision.

 Ce qu’ils font

Alors, pourquoi faire un Grenelle ? Quand on sait d’où viennent les problèmes et qu’on sait ce qu’il faut faire ?

La seule raison, c’est justement de ne pas appliquer ce qu’on sait devoir faire. La seule raison c’est que si on supprime toutes les solutions connues, ils sèchent. Ils vont tenter de faire passer les pires solutions restrictives, liberticides, rétrogrades, régressives… Ils vont tenter de prendre l’opportunité de cette crise pour aller toujours plus loin dans une vieille vision post-colonialiste du monde.

Les Chinois ne nous ont pas donné seulement le virus. Ils viennent de nous rendre tous chinois. Cet espoir secret qu’ils ont dans le cœur depuis qu’ils ont commencé la mondialisation. Comprenez bien, on parle d’un pays qui vous fait travailler pour un sac de riz, qui met vos enfants à produire des baskets, qui vous met en prison et au chômage si vous vous mettez en grève. Un pays où il n’y a aucune organisation syndicale. Voilà le monde qu’ils nous préparent.

Et ça a déjà commencé.

La banque centrale européenne débloque en effet 750 milliards d’euros. Pour sauver les hôpitaux ? Pour soutenir les plus précaires ? Non, pour soutenir les entreprises. Les puissants. Ceux-là mêmes qui par appât du gain ont déconstruit notre souveraineté et favorisé la propagation du virus par avarice morbide.

On ouvre toutes les boites de Pandore. Ils se sont rués sur l’occasion de la crise pour nous saigner à blanc. On parle déjà de nous mettre au travail pour 60 heures par semaines. On parle de donner le droit au patronat de décider de vos congés. On parle de supprimer 5 RTT pour financer les hôpitaux. La facture, ils vont nous la faire payer. Non seulement nous mourrons de leur négligence, mais ils nous envoient la douloureuse. C’est la double peine.

Le monde de demain sera corvéable à merci. Le confinement en délimite déjà les contours. Métro-Boulot-Dodo. Pas de loisir, pas de sortie, pas de plaisir. Vous êtes là pour cravacher, toujours, encore et encore jusqu’à ce que tout le pognon soit enfin arrivé dans les poches de ces quelques nantis qui ont la tentation de l’autoritarisme de plus en plus aguichée. Et ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jacques Attali. Sur le plateau de Quotidien, celui qui a toujours défendu ses élites, qui a craché sa haine des gilets jaunes maintes fois sur les réseaux sociaux, celui-là même qui rêve d’un monde sans retraite, il rétropédale. Il sait qu’on y est, que c’est le moment. Il dit qu’il y n’y a que deux issues possibles : un monde humain ou une dictature. Et s’il le dit, c’est qu’il l’a entendu.

Objectivement, qui croit que nous allons vers plus d’humanisme ?

Alors au contraire, ils nous préparent à la pire dystopie qu’Orwell avait imaginée. Comme s’ils n’avaient pas compris que le vieux Georges avait décrit là ce qu’il ne souhaitait pas, les voilà qui appliquent son œuvre comme on suit une notice Ikea. Ils appliquent déjà Machiavel, me direz-vous. Le Prince est une notice aussi. On a déjà le Big Brother. On le sait tous, idiots que nous sommes à avoir cédé à toutes les clauses liberticides des accords utilisateurs qu’on ne lit même pas à chaque fois qu’on initialise son nouveau smartphone. Désormais, c’est clair, ils veulent nous pister. Non, pas tous, bien entendu. Pas tout le temps. Juste les malades évidemment. Comme si ça rendait la chose plus acceptable.

Rappelons-nous simplement qu’à son origine aussi, en 1954, la TVA était provisoire et limitée.

On a vu ce qu’il en est 66 ans plus tard.

 Boom

Ne cédons rien, chers compatriotes. Ce n’est pas à nous de payer pour leurs erreurs. Nous ne nous laisserons pas enfermer dans ce monde qu’ils se précipitent à nous construire. Nous ne nous sommes pas retrouvés dans la rue tous les samedis depuis plus d’un an pour qu’ils aillent encore plus loin dans leurs réformes esclavagistes. Nous n’avons pas perdu nos yeux pour qu’ils se saisissent d’une pandémie afin de justifier d’aller encore plus loin.

Nous étions déjà à bout, ils pensent encore qu’on peut encaisser davantage. C’est hors de question.

L’heure est à la panique. Ne nous laissons pas endormir. Ils ont déjà commencé et rien ne les arrêtera si ce n’est nous-mêmes. Quand on mélange cynisme, incompétence et idéologies inhumaines, dans une période déjà pré-1928 qui se répète depuis des mois, que pensez-vous que cela puisse générer si on ne se bat pas ?

Le retour de la bête ? On en parlait déjà. La voilà.

Une chose est sûre, nous sommes dans une cocotte-minute. La sortie de confinement sera explosive. Et surement qu’ils s’y préparent déjà. Je ne vois pas d’autres raisons à nous parler déjà d’un déconfinement progressif, si ce n’est d’éviter l’effet de groupe. Ils savent que s’ils nous libèrent, nous irons les chercher.

Et pourtant quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils anticipent, quoi qu’ils planifient, nous n’avons pas le choix. Ça doit exploser.

Faisons en sorte que le monde d’après ne soit pas le leur.