Les retraités ont la folie du bio
Article mis en ligne le 21 février 2010
dernière modification le 4 octobre 2014

Les Français aiment le bio. Cette année, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique a connu une hausse sans précédent. Malgré cet engouement, la production nationale reste insuffisante pour répondre à la demande et l’hexagone est obligé d’importer.
Une situation grotesque car produire en France permettrait de mieux coller à la demande nationale et spécialement à ses principaux clients : les seniors.

Du monde, beaucoup de monde, des journalistes précisément. Nous sommes à la conférence de presse de l’Agence BIO et l’on comprend à la foule inhabituelle pour ce type de présentation que le bio, ça marche. En 2009, 46% des Français ont consommé au moins un produit bio au moins une fois par mois. En période de crise, bien peu de secteurs peuvent se vanter d’un si grand succès, surtout que le bio se paie plus cher que les aliments moyens.
Une consommation qui ne cesse d’augmenter
Près de la moitié des Français consomme un produit bio au moins une fois par an. Ce secteur a gagné 4 points depuis 2007. Le bio ne connaît donc pas la crise. De plus, pour quatre personnes interrogées sur dix, il est normal qu’un produit bio coûte plus cher. En moyenne, elles se disent prêtes à payer 11% plus cher pour manger bio. L’enquête UFC-Que Choisir révèle une différence de prix de 57% entre un panier bio et son équivalent non bio.
Malgré cela, toutes les catégories socio-professionnelles consomment des produits bio, les retraités arrivant en tête avec 27% d’entre eux. Les professions intermédiaires suivent avec 18% d’entre elles et les cadres et professions libérales (17%) arrivent derrière. Depuis deux ans, on constate aussi que les ouvriers se mettent au bio (16% d’entre eux), une hausse de 5% depuis 2008.

Une offre toujours plus large...
Cette hausse de la consommation s’accompagne bien sûr d’une explosion de l’offre. Le bio débarque donc dans tous les établissements, qu’ils soient privés (les restaurants, supermarchés ou traiteurs) ou publics (les cantines scolaires, les établissements pour personnes âgées). Pour les Français, il faut continuer sur ce chemin, 75% des parents souhaiteraient que leurs enfants mangent bio à la cantine. En moyenne, ils seraient prêts à payer 7% de plus pour cela. 59% des cadres aimeraient en outre manger des produits bio au restaurant et 52% sur leur lieu de travail.
La région Ile-de-France est, bizarrement, celle où l’on mange le plus bio avec 55% de personnes consommatrices. L’Est est au contraire celle où l’on n’en consomme le moins avec seulement 26% de consommateurs.

... Et qui compte bien continuer à se développer
En 2009, le nombre d’agriculteurs qui se sont convertis au bio a augmenté de 23% par rapport à 2008. Ce chiffre important biaise cependant la réalité : la France est en retard sur de nombreux pays européens avec seulement 2,5% de terres bio. En comparaison, en Italie, elles couvrent près de 16% du territoire agricole.
Pour répondre à la forte demande, la France est obligée d’importer, à hauteur de 30% en 2008. Situation absurde car, en produisant sur le territoire, les professionnels pourraient davantage coller à la demande française et plus spécifiquement celle des seniors, leurs principaux clients.

Information : http://www.agencebio.org/

Mathilde Fenestraz